En 2025 (le 30 avril précisément), on fêtera – ou l’on commémorera tristement – le « jour de la réunification » selon les autorités de la RDV, République démocratique du Vietnam (jusque-là dénommée par les médias occidentaux « Nord-Vietnam ») – ou « le jour où nous avons perdu le pays », selon les Vietnamiens expatriés à ce moment-là. Un demi-siècle déjà, une paille pour le jeune homme de dix-neuf ans que j’étais alors et qui exultait en voyant les images du dernier hélicoptère décollant péniblement du toit de l’ambassade américaine à Saïgon, tachant de décrocher de ses patins les candidats fugitifs qui s’y étaient accrochés, faute de place à l’intérieur déjà bondé, je suppose. Je n’étais pas très porté sur la compassion envers les complices des régimes « fantoches », comme on disait alors, ceux que nous autres gauchistes de l’époque appelions les « laquais » de l’impérialisme américain (qui avait succédé à l’impérialisme français, hein, ne l’oublions pas dans nos prières, çui-là).
Autant dire que la traduction française, qui n’existait pas encore à ce jour, de ce recueil de textes de Günther Anders tombe bien. Son auteur, Nicolas Briand, nous explique en présentation de l’ouvrage qu’elle intervient après une longue éclipse du texte en Allemagne même – il vient seulement d’y être réédité pour la première fois en 2023. Il faut dire que son auteur n’y allait pas avec le dos de la cuiller, comme on dit par ici, n’hésitant pas à comparer les alliés Américains d’alors (Anders publie ces textes en 1968, soit en pleine guerre froide) aux nazis et concluant que ceux-ci étaient « moins pires » que ceux-là… Scandaleux. Et pas seulement en 1968. Probablement qu’aujourd’hui encore, pas mal de gens seront choqués par cette comparaison… À ceux-là, on ne pourra que conseiller de se calmer d’abord, et de lire Anders ensuite,…
Auteur: dev