Loïc Prud’homme est député de la France insoumise (élu de Gironde), membre de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire.
Reporterre — Quel bilan faites-vous des débats parlementaires autour de la loi Climat ?
Loïc Prud’homme — Les discours restent creux, le texte est faible. C’est de l’enfumage ! La loi Climat repose uniquement sur les engagements volontaires des lobbyistes, qu’ils soient industriels ou financiers. Ce texte incarne parfaitement le paradigme macronien : zéro contrainte pour les entreprises, zéro mesure coercitive. C’est particulièrement visible pour le secteur de la publicité — un sujet qui me tient à cœur : le gouvernement a refusé toute forme de régulation. Pour lui, il n’y a pas de problème, tout repose sur le « choix libre et éclairé du consommateur ». Nos visions sont aux antipodes. L’exécutif prône une pseudo écologie du quotidien, nous, on défend une écologie de rupture.
Sur quoi portaient vos amendements et que sont-ils devenus ?
Les élus de la France insoumise ont déposé 276 amendements. J’ai porté ceux sur la publicité et la rénovation thermique. On a notamment proposé d’interdire la publicité sur les produits les plus polluants comme les SUV, les bouteilles en plastique, la malbouffe, mais cela a été balayé d’un revers de la main et considéré comme hors sujet. La seule chose que le gouvernement a actée, c’est l’interdiction de la publicité sur les hydrocarbures. C’est du vent. Avez-vous vu beaucoup de pubs à la télé vantant l’extraction du pétrole ?
Au total, 30 % de nos amendements ont été déclarés irrecevables et n’ont même pas été débattus. Les autres ont été systématiquement rejetés, en un temps record->22682]. Le gouvernement ayant choisi la procédure du temps programmé, notre groupe ne disposait que de 3 h 45 de temps de parole. Ça fait moins de cinquante secondes par amendement. Cela fait court ! L’écologie mérite mieux.
« Il faut passer de l’économie de la futilité à une écologie de l’utilité »
De surcroît, des sujets importants ont été complètement évacués, comme la forêt ou le numérique. Pour la « start-up nation », la sobriété numérique n’existe pas. Ils croient qu’en numérisant tout, ils sauveront la planète. Ils sont incapables de prendre des mesures pour limiter l’expansion des plateformes de e-commerce. L’exécutif considère que c’est un sujet anecdotique. Il dit que ces entrepôts représentent moins de 1 % de…
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Auteur: Gaspard d’Allens (Reporterre) Reporterre