Lola Keraron : « À 24 ans, j'ai déserté AgroParisTech »

Vous lisez la première partie de notre série « Désertion, et si on osait ? ». La suite sera publiée demain.


Depuis quelques semaines, Lola Keraron trimballe sur ses épaules son gros sac à dos. Sa « maison », comme elle le décrit, déborde de partout : on y trouve pêle-mêle un sac de couchage, un matelas, des carnets ou encore le dernier hors-série de Socialter, intitulé Comment nous pourrions vivre. Heureux hasard : la phrase résume à merveille les réflexions de cette ex-étudiante d’AgroParisTech, l’Institut national des sciences et industries du vivant et de l’environnement. Lors de sa remise de diplômes le 10 mai dernier, la jeune femme de 25 ans a lancé avec d’autres camarades ingénieurs un très politique « Appel à déserter ».

Dans ce discours devenu viral, ces huit jeunes réunis au sein du collectif Des agros qui bifurquent affirment rejeter les « jobs destructeurs » auxquels leur école et le système capitaliste les destinent. Développement d’énergies dites « vertes », invention de labels soi-disant écolos, missions pour l’agro-industrie… Face à ces métiers « participant aux ravages sociaux et écologiques en cours », ils et elles ont préféré déserter et « chercher d’autres voies ».

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Ainsi, quand on la rejoint fin juillet au Jardin des plantes de Toulouse, où elle n’est que de passage avant d’aller dans les Pyrénées, Lola vient de participer à divers chantiers participatifs. À l’aide de chaux ou de sable, elle a par exemple rénové un corps de ferme, dans le Tarn. Elle s’est aussi installée un temps sur la zad de Notre-Dame-des-Landes, pour se « réapproprier des savoirs qui permettent de vivre dans nos territoires sans les épuiser ». Là-bas, elle a pu « apprendre à travailler de [ses] mains, connaître d’autres formes d’organisation et d’autonomie politique », raconte-t-elle avec enthousiasme.

Lola Keraron dans le Jardin des plantes de Toulouse, fin juillet 2022. © Alain Pitton/Reporterre

« En école d’agro, on nous forme à devenir conseillers d’agriculteurs, alors qu’on est incompétents à faire pousser le moindre légume dans le sol. Cela crée un grand sentiment d’illégitimité. » La native de Bayonne, qui a fait mille choses — comme du bateau-stop durant son année de césure —, évoque aussi son stage dans le média Basta ! en 2021 : « Lors d’un reportage sur les alternatives au glyphosate, j’avais été choquée de ma…

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Auteur: Amélie Quentel Reporterre