L’ombre de la guerre en Ukraine sur les législatives en Estonie

Les législatives estoniennes tenues le 5 mars 2023 se sont soldées par une large victoire du Parti de la Réforme de la première ministre sortante, Kaja Kallas. Avec 31 % des suffrages, cette formation de centre droit devance nettement l’extrême droite (Parti populaire conservateur estonien, EKRE, 16,1 %) et le centre gauche (Parti du Centre, Keskerakond, 15,3 %). La Réforme dispose d’une majorité confortable (37 sièges sur les 101 du Parlement) et s’apprête à créer une coalition gouvernementale avec le parti Estonie 200 (droite progressiste et ultralibérale, 13,3 %) et les Sociaux-démocrates (gauche progressiste, SDE, 9,3 %).

Si les négociations en cours aboutissent, l’Estonie pourra se targuer d’avoir à sa tête une nouvelle coalition globalement représentative d’une démocratie libérale et progressiste. Même s’il y a des limites à cette belle unité (les SDE prônent une politique plus sociale que les deux autres formations, acquises aux modèles économiques ultra-libéraux ; et la Réforme émet des réserves sur l’adoption du mariage pour tous, souhaitée par les SDE et Estonie 200), le pays a, au grand soulagement de nombreux habitants, évité le retour d’une coalition réunissant les conservateurs et l’extrême droite (comme celle issue des élections de 2019, et qui avait gouverné jusqu’en 2021).

Le contexte de la guerre en Ukraine a évidemment pesé sur le scrutin. Kaja Kallas prône sans ambiguïté un soutien résolu de Tallinn à Kiev, même si ce soutien a un coût socio-économique certain que l’extrême droite estonienne a tenté d’exploiter à son profit durant la campagne.

La posture ambiguë de l’extrême droite à l’égard de Moscou

À de très rares exceptions près (comme lors du référendum sur l’adhésion à l’UE en 2003 ou l’intervention des troupes estoniennes dans la guerre en Irak en 2003), l’orientation pro-occidentale et la politique étrangère n’ont…

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Auteur: Katerina Kesa, Politologue et Maîtresse de conférences en civilisation de l’espace baltique, membre du Centre de Recherches Europes-Eurasie (CREE) à l’INALCO. Co-rédactrice en chef de la revue Nordiques., Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco)