Voici un livre qui tombe à pic dans mon programme de lecture, puisque je viens juste de traiter de Capital et race, de Sylvie Laurent, lequel démontre par A + B la responsabilité de la dite accumulation primitive du capital dans la création de la « race », à travers, d’une part, l’invention de la plantation comme modèle de surexploitation des humain·e·s de couleur par les Blancs, et, d’autre part, la traite négrière transatlantique[1]. Qu’en est-il alors des autres filières de traite, particulièrement de celles des mondes musulmans ?
Le sujet est réputé « tabou » dans les pays arabes et musulmans. Ce cliché a encore été renforcé récemment lorsque la chaîne de télévision qatarie al-Jazeera choisit, en 2018, de diffuser les Routes de l’esclavage, documentaire produit par Arte, mais… amputé de son premier volet. Celui-ci, intitulé « Derrière le Sahara de 437 à 1375 », « expliquait notamment les débuts de la traite transsaharienne et de l’esclavage dans les mondes musulmans », rappelle M’hamed Oualdi. Gêne et censure entourent la question, pour une raison simple à comprendre, poursuit-il :
Derrière cette gêne et cette censure se cachent […] de nombreuses séquelles et de multiples traumas de l’esclavage, que ces sociétés ont encore du mal à affronter : la difficulté, pour certains, à reconnaître des pratiques d’esclavage dans les demeures de leurs ancêtres, ou à admettre que ces ancêtres furent des esclaves ; et, surtout, parmi les effets les plus importants de cette longue histoire de l’esclavage, le problème majeur du racisme anti-noir, dirigé aussi bien contre les citoyens noirs des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord que contre des migrants qui viennent d’autres régions du continent africain et qui transitent par la Méditerranée pour se rendre en Europe. (Introduction, p. 14)
Ce qui ne l’empêche pas de nous mettre en garde contre le cliché du tabou…
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Auteur: dev