Mardi 23 février, une impressionnante opération de police venait déloger la ZAD du triangle de Gonesse installée sur les terres les plus fertiles d’Ile-de-France mais vouées à être bétonnées. Des habitants reviennent sur l’occupation, l’expulsion et l’inéluctable riposte qu’elle appelle.
Récit d’une expulsion
Le mardi 23 février aux alentours de six heures du matin, les flics entourent les cloisons en tôle de la ZAD. Certain-es camarades chargé-es de vigie les aperçoivent de loin, et s’empressent de réveiller les autres dans la confusion la plus totale. Brutalement, nombreux sortent de leur sommeil et se retrouvent au centre du terrain, quand d’autres n’entendent pas les appels et seront réveillés par des coups de matraque sur les tentes. Très vite, les flics pénètrent une des entrées et entourent les gens présents sur la zone. Enclavés dans ces quelques mètres carrés de terrain, nous n’avons le temps de rien faire face à leurs quinzaines de camions. Nous sommes faits comme des rats, dans un espace difficile à défendre. Dans l’empressement, certain-es réussissent à sortir, d’autres sont déjà parti-es pour observer depuis l’extérieur les allées et venues des forces de l’ordre. Un bus de la police nationale a été affrété pour embarquer jusqu’en garde à vue les vingt-cinq personnes qui seront arrêtées ce matin. La garde à vue se passe calmement pour la plupart, et les vingt-cinq écoperont d’un rappel à la loi pour deux chefs d’inculpation : « occupation illégale » et « regroupement en vue de commettre des actes illégaux ». La clémence de la sentence en réjouit certain-es – au vu des condamnations qui ont pu tomber pour d’autres occupations – mais témoigne aussi de leur stratégie : « vous êtes bien gentils mais ne recommencez pas ou ce sera pire cette fois ». Il faut aussi noter que sur le matériel que nous avions laissé sur place, les flics se sont largement servis. À la carte : une visseuse, un magnétophone, des duvets ont disparu, mais on nous a gentiment laissé les vieilles affaires de ski. Les cabanes sont en train d’être détruites, et des trous en forme de tranchées fleurissent sur le sol de l’ex-ZAD, comme si l’Établissement Public Foncier d’Île de France, nous empêchant de récupérer le terrain, cherchait ainsi à symboliser la bataille gagnée dans la Guerre en cours. (un peu de lyrisme ne fait pas de mal)
Rappel des faits
Le Triangle de Gonesse est une parcelle de terre située dans le Val d’Oise près du…
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Auteur: lundimatin