« L'opinion est bien plus nuancée et complexe que ce que les médias donnent à voir »

Basta!  : En tant qu’observatrice de la société française, celle-ci vous paraît-elle plus fracturée au 1er janvier 2025 qu’elle ne l’était au 1er janvier 2024 ?

Laurence de Nervaux : J’ai plutôt envie de vous répondre « oui », malheureusement. Cela tient beaucoup à la séquence politique, qui a accru le sentiment de division. La dissolution [de l’Assemblée nationale, ndlr] a clairement accéléré ce processus, parce qu’elle a poussé les acteurs politiques à exacerber ces divisions, parfois même à les surjouer. D’ailleurs, ils le reconnaissent souvent eux-mêmes en privé : le climat est, disent-ils, beaucoup plus détendu dans les coulisses de l’Assemblée nationale, avec la possibilité de vrais dialogues, que dans l’hémicycle ou sur les plateaux de télévision.

©Destin commun

C’est cet effet de distorsion qui est dramatique : le paysage politique est bien plus divisé et violent que ne l’est la société française dans son ensemble, et c’est la projection du débat politique dans l’opinion qui finit par produire de la polarisation. Les Jeux olympiques (JO) l’ont bien mis en évidence. Dans la grande étude qualitative et quantitative que nous avons menée au lendemain de la cérémonie de clôture, les Français nous disaient tel quel : « Cela nous a fait du bien de ne pas entendre les politiques pendant trois semaines » ; « Quoiqu’ils disent, on n’en peut plus. »

En contraste, l’olympiade a été vécue comme un moment d’euphorie, avec un sentiment de très grande cohésion. Il y a eu un effet « bouffée d’oxygène » qui a fonctionné à plein par rapport au contexte de saturation de la parole et du jeu politique, qui finit par lasser, voire écœurer, les Français.

Cela n’a donc été qu’une « parenthèse enchantée » ?

Cela n’a pas suffi à redonner un sentiment de cohésion sur le fond, et sur le long terme. Lorsqu’on leur a demandé, juste…

La suite est à lire sur: basta.media
Auteur: Barnabé Binctin