L'ordre spatial du permafrost

Dans ce qu’il reste de conscience politique occidentale, la rencontre de Zelensky avec Trump et Vance a fait l’effet d’un nine eleven à l’envers. L’occident vient de réaliser que son action est passée sous le seuil de l’Histoire. La nuée des prétentions qui dissimulait encore son crépuscule s’est dissipée. C’est la première fois que l’apparence diplomatique des négociations civilisées est si crument mise à nue, à la vue de toutes et tous, comme cruauté de gang en plein racket.

Oswald Spengler appelle « agitations zoologiques » la politique qui n’est plus à l’initiative des saisons de l’Histoire universelle. Ce déclin qui ne marque plus l’histoire est en même temps, selon lui, l’effondrement du « tact » intuitif propre aux « hautes cultures » et aux grandes figures fièrement « racées ». Un seul coup d’œil aura permis au monde entier de prendre conscience de ce que chacun sentait par devers soi : Trump vient de liquider ce qu’il restait du tact culturel. Son bureau ovale aura servi de ring de catch artificiel pour raging bullies. L’humiliation de Zelensky est le coup d’envoi qui signe en même temps la fin de la partie : le vieux continent est désormais provincial. Le mouvement d’intérêt qui déplace vers l’indo-pacifique l’arsenal bénévole de pacification américaine ne trouve plus son compte dans les banalités démocratiques de l’Europe. Le plan est simple : se rapprocher de la Russie pour la dissocier de la Chine et lancer l’offensive contre la deuxième économie. La Chine a des frontières communes avec la Russie et, dans le mouvement d’annexion du monde présent, ces frontières sont aussi labiles qu’un fjord déshabillé par le soleil. À vrai dire, dans le monde des puissances réduites au plus simple appareil, Trump est une aubaine pour l’Amérique – il assume, avec Vance, le désintérêt monstrueux pour tout ce qui n’est pas opportun.

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Auteur: dev