L'OTAN va-t-elle se faire tuer jusqu'au dernier Ukrainien ? — Bruno GUIGUE

Ils ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas. Lorsqu’ils ont déployé les tentacules de l’OTAN jusqu’aux portes de la Russie, les dirigeants occidentaux n’ignoraient pas qu’ils jouaient avec le feu. Ils savaient pertinemment qu’ils se comportaient en apprentis-sorciers, prenant le risque d’un embrasement dont le peuple ukrainien serait la première victime et l’Europe tout entière paierait les pots cassés. Lors de la conférence sur la sécurité en Europe, en mars 2007, Vladimir Poutine demandait déjà aux Occidentaux : « L’OTAN a placé ses forces de première ligne à nos frontières ! Contre qui cette expansion est-elle tournée ? Et qu’est-il advenu des assurances données par nos partenaires occidentaux après la dissolution du pacte de Varsovie ? » Un silence glacial accueillit ces propos de bon sens, et l’OTAN a poursuivi aveuglément son Drang nach Osten (poussée vers l’Est). Il en fallait sans doute davantage pour lui faire entendre raison. Continuation de la politique par d’autres moyens, la guerre se chargerait bientôt d’assigner des limites à cette expansion mortifère.

Les Russes, pourtant, ne sont pas les les seuls à avoir mis en garde les pays membres de l’Alliance atlantique. De hauts responsables du « monde libre » les avaient aussi prévenus contre le danger de l’ultime transgression, celle qui ferait tout basculer : après l’extension inconsidérée de l’Alliance atlantique à la plupart des pays de l’Est européen, l’absorption de l’Ukraine serait l’étincelle qui mettrait le feu aux poudres. En transformant ce pays-frère de la Russie en bastion avancé de l’OTAN, elle achèverait l’encerclement périlleux du territoire russe. Elle mettrait ses grandes agglomérations urbaines à quelques minutes d’un tir de missile. Elle transformerait la Mer Noire en piscine d’exercice pour l’US Navy. Ne pouvant reculer davantage, dos au mur, Moscou ne resterait pas sans réagir. Ce serait la guerre. Inévitable.

Ce pronostic réaliste, quelques sommités du « monde libre », peu suspectes de constituer une cinquième colonne pro-russe, l’avaient formulé depuis belle lurette. Ex-ambassadeur des États-Unis en Union soviétique, Jack F. Matlock Jr. déclare en 1997 que l’expansion de l’OTAN est « une profonde bévue stratégique, encourageant une chaîne d’événements qui pourrait produire la menace la plus grave pour la sécurité depuis l’effondrement de l’Union soviétique ». Stratège célébrissime de la guerre froide, George Kennan…

La suite est à lire sur: www.legrandsoir.info
Auteur: Bruno GUIGUE Le grand soir