La défaite de Milei n’aurait pas été une victoire pour notre camp social et politique, mais sa large victoire est une terrible défaite, qui procède sans doute d’une déroute stratégique et même culturelle de la gauche. La percée inattendue de Milei lors des primaires d’août dernier avait fait l’objet d’analyses approfondies dans nos colonnes par Claudio Katz, Martin Mosquera, Mariano Schuster et Pablo Stefanoni, mais il faudra des enquêtes fouillées pour comprendre ce qui vient de se jouer en Argentine.
Cette victoire d‘un économiste qui se définit comme « anarcho-capitaliste » – et qui appartient plus précisément au courant « paléolibertarien » analysé notamment par Pablo Stefanoni – ouvre en tout cas un scénario inédit et imprévisible. Comment comprendre ce basculement politique qui a porté au pouvoir un outsider appartenant à une nouvelle extrême droite, sans doute insaisissable si l’on se contente des catégories routinisées de la pensée politique y compris de gauche ?
***
Le libertarien Javier Milei a remporté l’élection présidentielle argentine avec 55,7 % des voix contre 44,3 % pour le péroniste Sergio Massa, soit une marge beaucoup plus importante que ce que prévoyaient les sondages. En l’espace de deux ans, cet outsider aligné sur l’extrême droite mondiale est passé des studios de télévision, où il était connu pour son style excentrique et ses cheveux indisciplinés, à la Casa Rosada [la Maison Rose est le siège du pouvoir exécutif argentin]. Comment l’Argentine en est-elle arrivée à cette situation apparemment impossible il y a quelques mois ? Pour la première fois dans l’histoire du pays, un homme sans expérience de gestion, sans maire ni gouverneur et sans représentation significative au Congrès est devenu président.
1/ Javier Milei, un homme sans expérience politique, connu pour ses discours anti-keynésiens virulents et son mépris pour la « caste »…
La suite est à lire sur: www.contretemps.eu
Auteur: redaction