Low-tech : après les imaginaires de la sobriété technique, il faut s’intéresser aux usages

Depuis 2020, une pénurie de semi-conducteurs, utilisés par exemple dans les véhicules électriques, frappe l’industrie automobile. Les causes sont multiples : pénurie en eau dans les pays producteurs et modèles de plus en plus gourmands en haute technologie en Europe.

Serait-ce l’occasion de se poser la question du low-tech ? Nous sommes, en effet, face à un paradoxe. En réponse à la crise écologique, les solutions de haute intensité technique sont privilégiées, quand bien même elles augmentent la pression sur les milieux de vie, sont longues à mettre en place et ne résolvent pas les souffrances humaines associées, comme la santé au travail. Il convient donc de questionner notre rapport à la technique dans la réponse à ces enjeux et sa compatibilité avec un monde aux ressources limitées.

Les low-tech, des techniques moins complexes, moins consommatrices, visant un impact le moins négatif possible, tant humain qu’environnemental, sont une piste de sobriété technique à explorer. Cette approche devient de plus en plus crédible, avec l’apparition d’un écosystème structuré et son inclusion dans l’un des scénarios Transition 2050 de l’Ademe.

Un changement technique mais aussi humain

Dans une recherche que nous avons conduite auprès de spécialistes nationaux, nous proposons de définir la low-tech comme

« un ensemble d’objets, de services et de pratiques dont la conception est contrainte par la nécessité de prendre soin des humains et des milieux de production/d’usage dont ils font partie ».

Nous avons également cherché à identifier les caractéristiques qui permettraient de définir cette démarche. Nous en avons dégagé huit principales : une approche située, un renouvellement des méthodes de conception, une transformation psychologique, une émancipation des utilisateurs, une tendance à favoriser la désautomatisation, une posture critique, une utilité radicale et une soutenabilité technique.

Infographie représentant les 8 caractéristiques du low-tech et leur définition.
Auteurs, Fourni par l’auteur

Ces caractéristiques révèlent que la low-tech n’est pas définie uniquement par une différence de degré technique avec la high-tech, mais qu’il s’agit d’une démarche globale qui comprend de fortes dimensions humaines et sociales. Le mouvement ayant été popularisé et développé, en France, par des ingénieurs, le facteur humain y est encore peu pris en compte et théorisé (impact sur l’organisation du travail, facilité d’utilisation, besoins, etc.) ou se limite à la question de l’acceptabilité sociale.

Des freins d’utilisation

Dans un récent rapport, l’Ademe identifie quatre freins au déploiement du low-tech (réglementaire, culturel, économique et sémantique) mais ne tient pas compte des réticences liées à l’utilisabilité.

Ces freins semblent…

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Auteur: Clément Colin, Doctorant en ergonomie, Université de Lorraine