L’UE va financer une compagnie gazière impliquée dans le meurtre d’une journaliste lanceuse d’alerte

Daphne Caruana Galizia est une journaliste tuée par une bombe posée dans sa voiture en octobre 2017, alors qu’elle enquêtait sur la corruption endémique à Malte et un projet de gazoduc qui n’échappe pas à la règle. Or, les principaux suspects de son assassinat attendent toujours d’être jugés, et vont même bénéficier de subventions européennes pour financer le fameux gazoduc. A la clé : 400 millions d’euros. Un scandale politique et écologique dénoncé par plus d’une centaine de parlementaires européens.

A Malte, il y aura un « avant » et un « après » Daphne Caruana Galizia. Cette journaliste chevronnée a enquêté sur la corruption endémique de l’île, qu’elle dénonçait régulièrement dans son blog Running Commentary. Surnommée l’héroïne de Malte pour avoir révélé le système mafieux qui relie politiciens, hommes d’affaire et criminels dans la petite île, son audace lui aura coûté la vie.

Le 16 octobre 2017, Daphne Caruana Galizia, alors âgée de 53 ans, a été tuée dans un attentat à la voiture piégée. Le choc qui a accablé la population maltaise a eu l’effet d’un tsunami sur la scène internationale, à tel point que le Conseil de l’Europe a réclamé la conduite d’une enquête indépendante pour en savoir plus.

Cette enquête rendue publique en mai 2019 a révélé comment l’ancien gouvernement maltais du travailliste Joseph Muscat était en partie responsable de sa mort, à cause d’une « culture de l’impunité » laissant la voie libre aux pires méthodes mafieuses et sclérosant tout le corps politique et policier de Malte, avec de très nombreux politiciens corrompus.

Au moment de son meurtre, Daphne Caruana Galizia enquêtait notamment sur Melita, un projet de gazoduc porté par la compagnie ElectroGas. Long de 159 km sous l’Océan et 7 km sur terre, ce gazoduc va relier la centrale électrique Delimaria, basée à Malte, vers la Sicile.

En 2017, la journaliste venait d’exposer comment le PDG d’ElectroGas, Yorgen Fenech, avait obtenu un juteux contrat public de près de 500 millions d’euros pour convertir la vieille centrale électrique de Delimara, qui alimente l’île, du fuel lourd vers le gaz naturel. L’homme d’affaires est accusé de corruption : il devait verser plusieurs millions d’euros à deux membres du gouvernement maltais de l’époque, Keith Schembri et Konrad Mizzi, via sa société 17 Black basée à Dubaï.

Mémorial en mémoire de la journaliste – Crédit : Continentaleurope

Les…

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Auteur: Laurie Debove