L’uniforme peut-il vraiment favoriser l’égalité entre les élèves ?

Les députés se sont récemment penchés sur la question de savoir s’il fallait rendre l’uniforme obligatoire à l’école, et la première dame Brigitte Macron a apporté son soutien à cette idée. « Cela gomme les différences, on gagne du temps », a-t-elle déclaré. Ces perceptions des avantages de l’uniforme sont largement répandues – mais sont-elles vraiment fondées ?

Si la proposition de loi a été rejetée par les représentants français, au Royaume-Uni, l’uniforme a une longue histoire, qui précède l’enseignement primaire universel. Cette tradition est renforcée par les représentations de l’école dans les médias populaires britanniques, à travers des films comme St Trinian’s et Harry Potter.



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Uniforme à l’école, l’éternel débat ?

Pour comprendre si l’uniforme scolaire a des bénéfices, nous devons avant tout nous arrêter sur les objectifs qu’ils sont censés atteindre. C’est ainsi qu’avec des étudiants de l’université d’Aberdeen, j’ai mené une recherche sur l’uniforme scolaire dans les 357 écoles secondaires publiques d’Écosse. Dans 96 % de ces établissements secondaires, l’uniforme est obligatoire et l’analyse de leurs politiques montre que diverses raisons sont invoquées pour le justifier, l’accent étant porté sur l’intérêt des élèves.

La raison la plus fréquemment mise en avant est que l’uniforme favorise une éthique, une identité, une fierté et un sentiment d’appartenance. Citons ensuite le renforcement de la sécurité et la réduction de l’absentéisme scolaire, ainsi que la réduction de la concurrence et des discriminations entre élèves ou l’amélioration de l’employabilité. Les écoles ont également déclaré que l’uniforme profiterait à la réputation de l’école et améliorerait les conditions de travail des élèves.

Le gouvernement écossais a récemment déclaré : « Il est reconnu que l’uniforme scolaire joue un rôle important dans l’implication des élèves à l’école, dans la promotion d’un sentiment d’identité et d’appartenance. » Toutefois, il n’est pas possible de déterminer si l’uniforme à lui seul a de tels effets dans la mesure où son introduction coïncide souvent avec d’autres changements tels que l’arrivée d’un nouveau chef d’établissement ou d’une nouvelle équipe de direction au sein d’un établissement.

Gommer les différences ?

Passant en revue les travaux sur la question, l’Education Endowment Foundation n’a pas trouvé de lien entre port de l’uniforme et progrès dans les apprentissages. Selon une autre étude d’ensemble de ces recherches, aucun lien n’a été établi non plus entre uniforme et résultats scolaires.

Invoquée par les écoles écossaises, la sécurité est un argument qui avait déjà été mobilisé aux États-Unis où, dans les années 1990, il s’agissait de réduire la présence des gangs et la violence dans les écoles. En faisant porter à tous les mêmes vêtements, personne ne pourrait savoir qui appartenait à quel groupe ni qui soutenait telle ou telle équipe, pensait-on alors.

Aucune donnée britannique ne permet néanmoins de confirmer que le port de l’uniforme réduirait les tensions. Et les recherches menées aux États-Unis ont montré que, si les enseignants percevaient les écoles comme plus sûres, cela n’avait pas d’incidence sur le ressenti des élèves au quotidien.

Les uniformes permettent-ils vraiment de gommer les différences ?
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Dans plus de 50 des écoles que nous avons étudiées, les élèves s’entendaient dire que le port de l’uniforme les préparait à leur future vie professionnelle dans la mesure où il reproduirait l’environnement de travail. Cependant, les emplois où l’on porte un uniforme ne sont pas les plus nombreux et, sur de plus en plus de lieux de travail, les codes vestimentaires se sont également assouplis aujourd’hui.

Par ailleurs, l’uniforme aurait un impact négatif sur les filles, les jeunes issus d’une minorité ethnique ou religieuse et les jeunes de sexe différent. Les tenues qu’on leur impose vont à l’encontre de leurs besoins, les filles se sentant moins à l’aise pour bouger en jupe, par exemple.

Le coût de l’uniforme

Selon une idée assez répandue,…

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Auteur: Rachel Shanks, Senior Lecturer in Education, University of Aberdeen