Kolmården, Suède, 2022
cc Robert Nordahl
C’est un fétiche et c’est une jérémiade : « l’union ». Pour quoi faire ? On ne sait pas. L’essentiel est d’être « unis ». Tous ensemble vers le talus — on finira sur le toit mais on sera restés soudés. Le gros bon sens qui tache proteste cependant : « unis, on est plus fort que divisés ; divisés on n’arrivera à rien ». Mais tellement. En matière syndicale, les prodiges de « l’union » sont encore très frais dans nos esprits, et offerts à (ne pas) être médités : c’était en 2023, à l’occasion des retraites. Pas d’erreur, on a été bien unis. Avec la CFDT. La preuve, on n’est pas « arrivés à rien » : puisqu’on a mis des millions de personnes dans la rue pendant deux mois. Pour, à la fin, perdre l’imperdable. Par alignement de « l’union » sur la mollesse politique, l’incompréhension des situations historiques et la nullité stratégique. Tous ensemble — dans la défaite. Attention, pas n’importe laquelle : une défaite triomphale, unanimement célébrée. Par la bourgeoisie – et sa presse, admirative : voilà de la bonne union, celle qui ne nous fera jamais aucun mal.
Ce qui a si bien échoué en matière syndicale, n’est-il pas très urgent de le reproduire en matière politique ? La même presse est de cet avis, plus encore que du précédent. Là non plus, on n’économisera pas le gros qui tache. Déjà abondamment présent dans les organisations vouées à la renégation. Et bien décidées à faire plier à coup de bon sens le récalcitrant : la France insoumise (FI). Manque de chance, c’est à la fois celui qui pèse le plus et le moins naïf.
« L’union » selon les scrutins
Si vraiment on voulait accorder quelque crédit à « l’union », on pourrait au moins se donner la peine d’en faire une analyse tactique minimale. Qui commencerait par différencier les scrutins. Par exemple :…
Auteur: Frédéric Lordon