Sami Naïr a été professeur de sciences politiques à l’université Paris-VIII. Ancien vice-président du Mouvement des citoyens et ex-secrétaire national du Mouvement républicain et citoyen de Jean-Pierre Chevènement, il a été, de 1997 à 1998 conseiller du ministre de l’Intérieur pour les questions d’intégration et de co-développement. Il a ensuite été nommé délégué interministériel au codéveloppement et aux migrations internationales. Député européen de 1999 à 2004, Conseiller d’Etat honoraire, il est actuellement membre du conseil d’administration de la fondation Res Publica. Spécialiste de l’immigration, à laquelle il a consacré de nombreux essais (dont Le Regard des vainqueurs : les enjeux français de l’immigration et L’immigration est une chance. Entre la peur et la raison), Sami Naïr a accepté de répondre aux questions de Voix de l’Hexagone.
Propos recueillis par Ella Micheletti.
Voix de l’Hexagone : Quel regard portez-vous sur le traitement du thème de l’immigration dans le paysage politique et médiatique actuel ?
Sami Naïr : Comme dans beaucoup d’autres domaines, on a assisté à un fort durcissement, ces dernières années, sur les questions d’immigration. J’ai l’impression, —j’aimerais me tromper—, que s’est enracinée l’idée, bien au-delà des cercles traditionnellement hostiles aux immigrés, que l’immigration est en soi un danger pour le pays.
Sami Naïr
Nous avons essayé, dans les années 1980 et 1990, de créer les conditions d’un débat serein sur l’immigration, partant du principe qu’elle constitue une réalité historique qui traverse toutes les sociétés et qui a toujours existé, pour le meilleur souvent, dans la société française. Je crains qu’on ait échoué. La classe politique, comme les médias, ont eu sur ce plan un rôle dévastateur. La classe politique a pêché par incompétence et incapacité à voir loin, – incompétence à contrôler et gérer sur le court terme les migrations, incapacité à penser la signification historique des flux mondiaux de populations. Elle s’est complu en revanche à les instrumenter pour des dividendes électoraux douteux, rendant suspecte la convivialité entre citoyens et populations issues de l’immigration. Elle a aussi été incapable de créer les conditions sociales d’intégration des populations anciennes et nouvelles alors que nous savons tous que, majoritairement, il s’agit de français « comme les autres », et que, d’autre part, même si nous…
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Auteur: Ella Micheletti