Bassin d’Arcachon, reportage
Un an plus tard, il est encore amer. Ostréiculteur à Gujan-Mestras et président de l’Association de défense des eaux du bassin d’Arcachon, Thierry Lafon n’est pas près d’oublier ce 27 décembre 2023 : en pleines fêtes de fin d’année, la préfecture de Gironde interdisait la vente d’huîtres après la découverte d’un norovirus ayant mené à une explosion de cas de gastro-entérite. « Un désastre », résume l’ostréiculteur.
Lire aussi : Comment nos excréments contaminent les huîtres
Dans le cadre d’une enquête ouverte par le parquet de Bordeaux pour « pollution », « écocide » et « mise en danger de la vie d’autrui », deux directrices en charge de l’assainissement ont été placées en garde à vue et les enquêteurs œuvrent toujours à déterminer les responsables de cette crise. Mais pour Thierry Lafon, la cause ne fait aucun doute. « Ce qui s’est passé est le fruit d’une politique d’aménagement du territoire déplorable. »
Deux jours après l’interdiction de vente d’huîtres, il est le premier à avoir porté plainte contre le Syndicat intercommunal du bassin d’Arcachon (Siba), en charge de l’assainissement des eaux, pour « pollution des eaux du bassin ». Selon lui, la catastrophe était prévisible : « Le réseau pluvial n’étant pas dimensionné pour l’espace public, en cas de fortes pluies, forcément, ça déborde. »
Un territoire bâti sur un marécage
Pour comprendre le lien entre urbanisation et huîtres contaminées, il faut revenir à la typologie du lieu : autrefois marécageux, le bassin d’Arcachon a été assaini au XIXe siècle grâce à un réseau hydraulique et la plantation de pins. Ces dernières années, le bassin est devenu une zone attrayante, on a donc construit et aménagé pour accueillir de nouveaux arrivants. Peu à peu, l’urbanisation croissante a modifié les infrastructures, remplaçant les…
Auteur: Alban Dejong, Amandine Sanial