Lutter contre la vitesse n'est pas ralentir

Il est aisé de ramener une lutte contre la vitesse, par exemple contre une grande infrastructure de transport qui permettrait d’aller « plus vite », à une lutte pour la vie douce : un simple éloge de la lenteur. Non que cela ne soit séduisant, il est fort tentant d’invectiver les passant.e.s pressé.e.s et c’est d’ailleurs très facile à faire sans rien comprendre des projets d’infrastructures et de leurs implications ubuesques. Mais ce serait un peu comme dire que les Zapatistes qui « marchent au rythme du plus lent » le font par culture de la paresse et flegme indigène. Ce serait manquer l’essentiel et ne pas voir ce qu’il y a de révolte et de sang chaud dans un tel refus, dans la désertion des systèmes d’aliénation.

Le capitalisme est certes indécent

« Il est certes possible à tout un chacun dans son monde privé de se conformer au système juridique du califat omeyyade dans la Syrie du VIIIe siècle, au droit canon élaboré par la théocratie pontificale dans l’Europe du XIIe siècle, voire aux principes de la sagesse toltèques directement issus de l’enseignement de Quezalcóatl le serpent à plumes, il n’en reste pas moins que l’univers commun en lequel notre existence a réellement lieu n’obéit qu’à la loi de la valeur et à la logique de la cybernétique, dispositif qui dévaste effectivement la terre, que c’est bien à cette loi et à cette logique qu’il faut impérativement se confronter, et dont il faut donc au préalable reconnaître et assumer la réalité hégémonique. »

Jean Vioulac, Anarchéologie, éditions PUF, 2022 (p337).

Reprise des idées de la théorie critique de la valeur.

Beaucoup dénoncent le capitalisme en l’acculant à ses conséquences ou ses relais : augmentation des inégalités, créations des classes dominantes et du mépris corrélatif des classes asservies, logique d’accumulation d’un profit absurdement illimité, accaparement de ressources et…

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Auteur: dev