Lutter dans la joie et l’amour, par Monique Pinçon-Charlot, Michel Pinçon et Basile Carré-Agostini

Monique et Michel Pinçon-Charlot sont un couple de sociologues, spécialistes de la grande bourgeoisie. On peut dire qu’ils font un peu partie des figures tutélaires de Frustration magazine puisque durant toute la période où l’intégralité de la classe politique et intellectuelle française, de droite comme de gauche, tentait d’enterrer à coup de constructions idéologiques fumeuses (“la fin des ouvriers”, “la classe moyennes”…) la réalité de la lutte des classes, eux tenaient le cap. Avec précision et rigueur méthodologique, fidèles aux préceptes sociologiques de Pierre Bourdieu, ils ont mis à jour les mécanismes de la domination exercée par la classe bourgeoise dans nos vies. Alors que tout le discours dominant, ces trente dernières années, a consisté à dire qu’il n’y avait plus de classes ou de dominants mais seulement des individus et des marchés financiers abstraits, Monique et Michel Pinçon-Charlot ont documenté la réalité physique, sociale, corporelle, d’une classe qui, contrairement à toutes les autres, a conscience d’elle-même, de son unité et de ses intérêts. Pour mener une lutte, il faut connaître l’adversaire : dans la guerre des classes, ce couple de sociologues nous apporte donc des armes décisives. Nous leur devons une fière chandelle d’avoir réussi leur infiltration et leur travail de terrain pour nous donner les clefs de compréhension de l’univers psychologique et social de ceux qui nous dominent et, tout particulièrement ces cinq dernières années, tentent de nous écraser. Ils n’ont pourtant a priori rien d’un duo d’espions : désormais retraités, ce sont des scientifiques pénétrés d’idéaux humanistes et écologistes, conscients du poids politique de leurs travaux et disposés à tout faire pour que les classes laborieuses puissent s’en saisir pour mieux lutter. Ils ont reçu, pour accomplir cette tâche, l’aide de Basile Carré-Agostini, réalisateur d’un film émouvant, informatif et galvanisant sur leurs travaux et leurs engagements. Nous avons rencontré le réalisateur et ceux qui sont au cœur de son film, la veille de sa sortie.

Eugénie : la première scène se passe dans les beaux quartiers, Monique et Michel vous rejoignez les élèves de lycée, vous avez un discours qui les encourage à se sentir dignes, forts et verticaux devant la domination de classe. Souvent, dans la littérature, on voit une lecture inverse : la confrontation entre les classes nous terrasse. Pour vous, cette confrontation est une force ? Elle permet…

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Auteur: Rédaction Frustration Mag