Luttes des âges ou lutte des classes ? | Edito



Manifestation contre la réforme des retraites le 12 décembre 2019 à Paris. Crédit photo : Serge d’Ignazio

Et voilà, comme prévu, le gouvernement s’est entendu avec les débris de la droite française pour poser sa réforme des retraites. Comme prévu, il faudra trimer (au moins) jusqu’à 64 ans – et tant pis si l’espérance de vie stagne. Une grande majorité de la population rejette cette réforme abjecte, même parmi les votants macronistes. Mais l’obsession idéologique du gouvernement se défie de tout scrupule démocratique : il essaiera de passer en force, obsédé par les objectifs du patronat prêt à sacrifier la dignité de millions de vies pour grappiller quelques dixièmes de points de PIB. Sans pour autant garantir la survie du système de retraite, au regard de la situation mondiale. La fuite en avant s’accélère.

Comme depuis l’infâme Thatcher, la rhétorique de nos dirigeants est toujours la même : « il n’y a pas d’alternative ». Si vous voulez un jour pouvoir souffler après une vie d’exploitation, si vous ne voulez pas que vos seniors crèvent la bouche ouverte dans un caniveau, acceptez la réforme. Faites confiance au gouvernement quand il vous dit qu’elle est juste et sociale – même si tous vos sens vous indiquent le contraire. Car on vous l’a dit : ce sera le serrage de ceinture ou la mort programmée. ll n’y a pas d’autre alternative.

Pas d’alternative, vraiment ? Si l’argent manque pour financer les retraites, que le système se déséquilibre, ce n’est pas uniquement dû au vieillissement de la population française. Les cadeaux fiscaux aux entreprises systématisés depuis plusieurs décennies, le budget de l’armée ou de la police en augmentation constante, les dépenses faramineuses des dirigeants, tous ces milliards sont sanctuarisés. Et quand bien même. Les pensions, comme le chômage, ne dépendent pas de la générosité du gouvernement. Il ne s’agit pas de charité mais de cotisations (que certains, à gauche, proposent d’augmenter – erreur de boutiquier, forcément impopulaire). Nous payons déjà chaque mois de notre vie pour mettre de côté cette thune : elle nous appartient. Pas aux gouvernants bien loin du monde du travail.

Ces derniers ne s’y trompent pas. Ils savent qu’ils doivent leur place au vote en bloc des retraités, catégorie d’âge qui a le plus largement voté pour Emmanuel Macron, et qui constitue son socle électoral depuis la crise des Gilets Jaunes. En réprimant sauvagement le…

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Auteur: Le Poing