Luttes locales : qui sont ces David contre Goliath ?

Cela fait maintenant deux ans que Reporterre recense les collectifs en lutte contre les projets polluants et imposés. Des entrepôts Amazon aux fermes usines de poulets, en passant par les extensions d’aéroports ou les nouvelles déviations routières ; notre carte des luttes compte 370 points qui ont servi de base à une enquête sociologique inédite. Le sociologue Kevin Vacher a sélectionné 68 mobilisations locales et mené 41 entretiens semi-directifs. Résultat : une étude d’une centaine de pages qui dresse un portrait tout en nuances de ces hommes et de ces femmes qui luttent contre l’urbanisation à outrance, contre l’impunité des multinationales et l’insatiable appétit de certains élus locaux pour le bétonnage des terres. Un travail réalisé en partenariat avec les associations ZEA, Notre affaire à tous et Terres de luttes.

L’’étude casse les clichés qui collent à la peau des militants. Celui du zadiste-hippie-anarchiste en marge de la société ou du bobo-amish-écolo qui veut « sauver la planète ». Une image trop souvent utilisée par les médias dominants et les dirigeants pour décrédibiliser ces mouvements. L’étude révèle à l’inverse des profils variés de personnes n’étant pas toujours écologistes à l’origine. Si les collectifs semblent composés de classes moyennes, culturelles ou occupant des postes d’encadrement, les classes populaires, bien que minoritaires, ne sont pas absentes de ces mobilisations. Notons également la présence d’agriculteurs, risquant souvent l’expropriation de leurs terres. D’une manière générale, les militants vivent à proximité du projet incriminé et s’indignent face au « choc de la démesure » des aménagements dépassant souvent les 100 hectares pour un quart des luttes. Ils parlent « d’une démocratie locale contournée, chronophage, opaque, voire faite d’opérations illégales menées y compris par les institutions chargées de la faire vivre », écrit Kevin Vacher. Les termes « corruption », « mensonge » et « secret » reviennent ainsi très régulièrement dans les entretiens menés avec les militants. Les dispositifs de concertation publique sont d’ailleurs systématiquement jugés insuffisants, voire considérés comme des « mascarades ».

© Alessandro Pignocchi

Un ennemi commun, sans identité commune

Après l’indignation, les collectifs passent à l’action et commencent souvent par les classiques pétitions et des mobilisations, sans se priver d’interpeller les élus et les collectivités…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Laury-Anne Cholez (Reporterre) Reporterre