Quelles menaces pèsent sur la liberté d’informer en France ?
AC : L’immense faiblesse économique de la presse et la précarité des journalistes pèsent lourdement sur la qualité de l’information que l’on peut offrir aux citoyens. Les conditions de travail dégradées, allant de pair avec une pression financière et sociale très forte sont autant de frein à l’exercice serein du métier de journaliste. C’est aussi du temps et de l’énergie perdus pour défendre des emplois, des salaires décents et l’existence même de certains titres, qui n’est pas mis à profit de l’information.
EV : La précarisation de la profession se voit notamment en observant les chiffres : le nombre de journalistes est passé de 40 000 il y a dix ans à 35 000 aujourd’hui, avec une stagnation des salaires et une précarisation des statuts. 30 % de journalistes exercent à la pige, en CDD ou au chômage partiel. Cette précarisation a pour corollaire une concentration sans précédent des médias aux mains d’une dizaine de milliardaires. Il y a une contradiction profonde à restreindre les moyens alloués à la production de l’information et aux journalistes professionnels au sein même de grands groupes qui sont dotés de moyens inédits.
AC : Un autre indicateur du malaise de la profession est la baisse des exigences de la commission de la carte de presse qui a diminué le seuil minimum de revenus à 600 euros par mois. Par ailleurs, si jeunes journalistes étaient majoritairement en CDI il y a une vingtaine d’années, aujourd’hui c’est très minoritaire en début de carrière.
EV : On a l’impression que les journalistes sont pris dans un double étau avec d’une part la pression économique (notamment liée à la concentration des médias) et d’autre part, une pression de l’État. En effet, nous sommes considérablement entravés dans notre métier que ce soit par le biais de convocations à la DGSI, de lois…
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Auteur: Marie Beyer