Lycées pros : une réforme injuste pour les plus modestes

« Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?[…] Ils vont, de l’aube au soir, faire éternellement dans la même prison le même mouvement. […] Innocents dans un bagne, anges dans un enfer, ils travaillent. » Ces vers de Victor Hugo ont presque deux siècles. D’un autre temps ? On aimerait acquiescer sans même réfléchir. Pourtant, à l’aune de la réforme de l’enseignement professionnel voulue par le gouvernement, ces quelques lignes résonnent tristement. Les différences restent, fort heureusement, nombreuses. Malgré tout, sa philosophie est celle-ci : faire d’enfants de 15 ans, majoritairement issus des classes les plus populaires du pays, de la main-d’œuvre pas chère pour les métiers les plus pénibles de notre société.

Les élèves n’ont pas comme projet premier de s’insérer tout de suite dans l’emploi.

Séverine Depoilly, université de Poitiers

« Il faut fermer les formations là où il n’y a pas de débouchés et en ouvrir là où il y a des besoins. Dans les métiers qui recrutent le plus. » Voici comment Emmanuel Macron, à l’aube d’une rentrée mouvementée pour l’enseignement professionnel, explique dans Le Point la philosophie de sa réforme pour les lycées professionnels. L’idée n’est pas neuve, loin de là. Elle vise à faire correspondre l’éducation – notamment professionnelle – à la demande, par essence conjoncturelle, de l’économie.

Très concrètement, cela se traduit par une refonte annoncée en profondeur de la carte de formation. Dès cette rentrée, dans de nombreux territoires, plusieurs dizaines, parfois centaines, de places dans des formations jugées « non insérantes » fermeront. Elles laisseront place à d’autres qui devraient mieux répondre aux besoins économiques locaux. Ainsi, ce sont notamment des formations du tertiaire (vente, commerce, etc.) qui sont supprimées dès cette rentrée 2023 au…

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Auteur: Pierre Jequier-Zalc