Lynx, vautours… La délicate réintroduction des animaux sauvages

Des guépards de retour en Inde soixante-dix ans après leur extinction, des loups chassant élans et coyotes dans le parc national du Yellowstone, des crocodiles du désert se baignant dans les rivières marocaines ou encore des bouquetins ibériques crapahutant de rocher en rocher dans une vallée reculée des Pyrénées. Dès la fin du XIXᵉ siècle, les humains ont entrepris un drôle de jeu d’échecs, appelé la réintroduction. Le principe : déplacer des individus d’une espèce dans un territoire qu’elle arpentait autrefois, mais d’où elle a été éliminée (par les humains, bien souvent).

Cette stratégie de colonisation assistée offre l’espoir d’un second souffle à une faune sauvage dévastée. En moins de cinquante ans, les populations de vertébrés (poissons, oiseaux, mammifères, amphibiens et reptiles) ont chuté de 69 %. Plus de 41 000 espèces sont menacées de disparition dans le monde, d’après la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En France, la situation n’est guère plus réjouissante.

« Des espèces, dont plus aucun spécimen n’existait à l’état sauvage, ont été sauvées par des programmes de réintroduction, raconte à Reporterre Charles Thévenin, chercheur au Muséum national d’histoire naturelle. N’oublions pas qu’il s’agit de l’outil de la dernière chance. » Panser les plaies ayant causé l’extinction est la condition préalable et incontournable à toute tentative de translocation. « Parfois, restaurer le milieu, recréer une connectivité des territoires et s’assurer de la bonne sensibilisation des populations locales suffisent à voir réapparaître naturellement des animaux disparus », poursuit-il en citant le cas du loup revenu en France d’Italie.

Du zoo à la nature

Si les protagonistes à poils et à plumes de ces programmes de réintroduction peuvent être directement capturés sur un territoire qu’ils habitent encore, les naturalistes doivent parfois passer par les zoos. « Attention ! On ne prend pas un chimpanzé dans une cage pour le relâcher immédiatement dans la nature », s’amuse à l’autre bout du fil Michel Saint-Jalme. Le jeune soixantenaire est à la tête d’un des 170 zoos d’Europe collaborant pour gérer les populations captives destinées aux programmes de réintroduction. « Il faut plusieurs générations avant de les libérer. Ces animaux sont habitués au contact permanent de l’Homme, ils sont incapables de se nourrir seuls ou de se protéger des prédateurs. »

L’oryx…

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Auteur: Emmanuel Clévenot Reporterre