M. Macron manipule les expertises pour faire avaler le nucléaire

Dans son discours du 10 février à Belfort sur sa politique énergétique, M. Macron a prétendu se fonder sur « ce qu’expliquent les experts », assurant les avoir « lus rigoureusement ». En fait, le président de la République a eu une lecture très sélective.

Comme l’a rapporté Jade Lindgaard dans Mediapart, un rapport de l’Ademe — une agence dépendant de l’État et spécialisée dans les questions énergétiques — a vu sa publication repoussée pour ne pas interférer avec le discours du chef de l’État. C’est ce que craignait Mathieu Orphelin, député écologiste et ancien haut cadre de l’Ademe, dans un communiqué du 10 février : « Il semblerait que le ministère ait une nouvelle fois demandé à l’Ademe de décaler la sortie de ses scénarios sur le mix électrique, pourtant prévue pour début février. »

Des réacteurs plus coûteux que la sobriété

En effet, ce document d’expertise officielle conclut très différemment du président-candidat. Reporterre s’est procuré cette étude de 44 pages, intitulée Transition(s) 2050 : mix électrique. Quelles alternatives et quels points communs. Le texte, dont les pages sont notées « document de travail », apparaît finalisé, sans corrections, telle une version prête à être publiée. Étudiant différents scénarios énergétiques, l’étude conclut que les options comportant à l’horizon 2050 la construction de nouveaux réacteurs nucléaires sont plus coûteuses que les options basées sur la sobriété énergétique et les énergies renouvelables. Le travail des « experts » évoqué par le chef actuel de l’État contredit donc clairement la rationalité de construire quatorze réacteurs EPR2 d’ici 2050.

« Si la partie trajectoires électriques de l’étude “Transition(s) 2050” de l’Ademe remet à ce point en cause les propos [de M. Macron], il n’est démocratiquement pas acceptable que de tels engagements soient pris sans qu’elle soit rendue publique », a jugé Yves Marignac, porte-parole de l’association Negawatt. Arnaud Leroy, président de l’Ademe, a affirmé dans un tweet le 12 février, que l’article de Mediapart est une « fuite malveillante d’un document de travail, non finalisé et non validé ». M. Leroy est un ancien député PS. Il était en 2017 porte-parole du candidat Emmanuel Macron, puis a été membre du bureau exécutif du parti de celui-ci, En Marche. Il va prochainement quitter l’Ademe pour rejoindre, selon nos informations, une société active dans les énergies…

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Auteur: Hervé Kempf Reporterre