Macron à l’international : grandes initiatives, vastes échecs

[Le bilan Macron – II] Proactif sur la scène internationale, Emmanuel Macron est loin d’avoir engrangé les succès diplomatiques escomptés. Bien qu’il ait revendiqué une rupture doctrinale avec ses prédécesseurs, sa politique étrangère s’est caractérisée avant tout par une personnalisation contreproductive. Retour sur les principaux dossiers internationaux du quinquennat.

Une élection présidentielle, dit-on, ne se gagne jamais sur les questions de politique internationale. De même, il est improbable que le bilan du président en exercice dans ce domaine suscite un grand intérêt médiatique pendant la campagne électorale. Il est pourtant intéressant pour l’électeur de s’y pencher car il en dit beaucoup tant sur la personnalité d’Emmanuel Macron que sur sa manière de gouverner. Le diplomate Michel Duclos, qui a publié à l’automne 2021 La France dans le bouleversement du monde, aborde largement la diplomatie conduite depuis 2017[1]. Cet ex-ambassadeur en Syrie, louangeur lorsqu’il évoque le verbe macronien, l’audace du président ou sa capacité à théoriser son action, se montre beaucoup plus nuancé lorsqu’il s’agit de dresser un bilan. Et pour cause : bien qu’elle sache encore faire entendre sa propre voix dans le concert des nations, la France peine à rapprocher ses interlocuteurs de ses vues. 

Domaine (très) réservé

Sous la Ve République, le pouvoir exécutif a toujours été confronté au délicat partage des compétences diplomatiques entre le gouvernement – en l’occurrence le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères – et le Président de la République. Ce dernier possède des prérogatives diplomatiques qu’il tient de l’interprétation des articles 5 (respect des traités), 14 (accréditation des ambassadeurs) et 15 (direction des armées et présidence des conseils et comités de défense). Malgré les aptitudes reconnues de Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense de François Hollande promu au Quai d’Orsay en 2017, Emmanuel Macron n’a laissé que peu d’espace à son ministre des Affaires étrangères. En outre, l’impétueux président a voulu marquer une rupture idéologique avec ses deux prédécesseurs, qu’il avait accusé d’atlantisme, pour ne pas dire de dérives néoconservatrices. Il a ambitionné de s’inscrire dans un « gaullo-mitterrandisme » ripoliné, en tout cas de faire entendre un son de cloche singulier entre l’allié américain et les puissances orientales, Chine et Russie.

« Emmanuel Macron a…

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Auteur: Pierre-Henri Paulet