Macron candidat : journalisme de révérence à la Une

Pour la troisième fois depuis 2017, la plupart des journaux régionaux se sont pliés (en grande pompe) à un exercice de communication décidé par l’Élysée : publier la « lettre aux Français » d’Emmanuel Macron. Commentée depuis déjà des mois, sa candidature fut néanmoins construite le « Jour J » comme un événement dans toute la presse.

Certaines rédactions ont choisi de ne pas publier le texte in extenso pour pouvoir le « commenter », revendiquant un acte de quasi insoumission ou d’intransigeance déontologique, faisant valoir, à l’instar de La Voix du Nord, un traitement équitable vis-à-vis des autres candidats. Ainsi, si l’on en croit la démarche que s’impose la rédaction, l’annonce d’Emmanuel Macron aurait dû être « analysé[e], disséqué[e], avant d’atterrir dans [ses] pages ». Dans les faits, ça donne ça :

Un titre tout en sobriété, un QR code permettant de retrouver l’intégralité de la missive sur le site (nuance…) de La Voix du Nord, et une « dissection » journalistique à faire trembler l’Élysée. Extrait :

Sobre à l’extrême, dépouillé de références littéraires, le texte emprunte aux codes de la Lettre à tous les Français envoyée par François Mitterrand. Mais aux 56 pages du défunt président, Emmanuel Macron a préféré une parole concise, rassemblée sur une seule feuille bordée d’un filet bleu, à peine rehaussée de l’écriture manuscrite présidentielle. Candidat de l’invention d’« une réponse française et européenne singulière » aux « défis du siècle », candidat de la défense des valeurs « que les dérèglements du monde menacent »… Le chef de l’État esquisse les lignes fortes : « Travailler plus », « poursuivre la baisse des impôts »… […] « Jupiter » rentré dans l’atmosphère, sa campagne reste à entreprendre.

L’occasion de rappeler aux journalistes politiques qu’épouser le récit présidentiel en insérant des citations ne fait pas une analyse, encore moins distanciée… mais un travail de communicant.

Et de quotidien en quotidien, c’est du pareil au même, certains lésinant encore moins que d’autres sur la mise en scène, alliant l’art de la titraille à la passion photo.

Ainsi du Parisien :

De La Provence :

Ou de La Dépêche :

Propagandistes à souhait, les titres se prolongent dans les « décryptages », éditos et interviews associés en double page. Dans La Provence, on apprend que « le fougueux n’efface pas…

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Auteur: Pauline Perrenot Acrimed