On dit qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. La reconnaissance de l’État de Palestine à laquelle la France devrait procéder au mois de juin, si Emmanuel Macron est fidèle à son engagement, est évidemment positive. Elle est certes purement symbolique. Mais symbolique ne veut pas dire anodin. C’est un message clair de désaveu à Netanyahou et à Trump, l’un occupé à massacrer, l’autre échafaudant ses projets immobiliers sur les ruines et les cadavres. C’est aussi une façon d’exprimer son soutien au plan égypto-saoudien de reconstruction et de réorganisation de Gaza et, au-delà, une adhésion franche à la démarche des pays arabes en faveur d’une solution politique globale. Mais le discours du président français souffre de beaucoup de faiblesses.
C’est en tremblant qu’Emmanuel Macron agit.
Entre l’acte symbolique et la réalité, ce n’est pas un fossé, c’est un gouffre. Pendant que Macron promet une conférence au mois de juin à New York sous l’égide de l’ONU, on meurt à Gaza tous les jours. Quelque 1 400 Gazaouis ont péri depuis la rupture de la trêve par Israël le 18 mars. Les bombes ne suffisant plus, Israël organise la famine, l’empoisonnement par la privation d’eau potable, la destruction des derniers hôpitaux encore debout, tandis que pourrissent à la frontière égyptienne des tonnes de denrées dans des camions affrétés par l’Union européenne et les pays arabes. Un gouffre, disais-je, que la France, les pays européens et les États-Unis de Joe Biden ont laissé se creuser pendant dix-huit mois, depuis le sinistre 7 octobre 2023. Et, en réalité, depuis bien plus longtemps.
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Peut-on espérer que Macron rompe avec ce passé qui contredit…
Auteur: Denis Sieffert