Macron, grand gagnant de la Convention citoyenne pour le climat ?

Un an et demi après son lancement, l’expérience de la Convention citoyenne pour le climat arrive à son terme. Hier, mercredi 10 février, le gouvernement a présenté en Conseil des ministres son projet de loi Climat, issu de ses propositions. Dans un mois, le texte sera examiné à l’Assemblée nationale et le week-end des 27 et 28 février, les membres de la Convention se réuniront une dernière fois en plénière pour juger l’action de l’exécutif.

À ce stade, un premier bilan s’impose. Si le travail des 150 citoyens et citoyennes a réussi à aboutir à des mesures transformatrices, à même de répondre à la crise climatique, force est de constater qu’elles ont ensuite été malmenées. Tout au long de l’automne, le gouvernement, la haute administration d’État et les lobbies industriels ont saboté une à une les propositions phares de la Convention. Et ce, malgré l’indignation impuissante de ses membres et du mouvement climat. Née de la parole du président, vivant à travers ses promesses, la Convention citoyenne a relevé du fait du prince. Elle est restée dépendante de ses bons vouloirs.


Emmanuel Macron le 29 juin à l’Élysée.

« On est au milieu du pire scénario, confirme ainsi le garant de la Convention, Cyril Dion. Les mesures ont été vidées de leur substance et Emmanuel Macron n’a pas respecté ses engagements. » Pour le réalisateur, l’expérience de démocratie délibérative s’est brisée sur « le mur du système oligarchique ». « Nous sommes revenus à la situation habituelle où la technostructure décide à huis clos et où les intérêts privés prédominent », constate, amer, l’écologiste. Avant de parier à nouveau sur l’avenir : « Le processus est encore loin d’être fini. La loi n’a pas été votée. Pour le moment, on perd, certes. Mais la question est de savoir si l’on va perdre jusqu’au bout ou si nous allons quand même réussir à obtenir des avancées. Au moins, là, on a un projet de loi, avant, on n’avait rien. »

L’enthousiasme des instigateurs de la Convention citoyenne s’est évaporé, douché par le cynisme des autorités. Dans un entretien en juillet dernier, Cyril Dion confiait déjà à Reporterre que le bras de fer allait être difficile. « C’est un pari. À la fin, on verra bien qui instrumentalise qui », déclarait-il.

Aujourd’hui, un débat stratégique semble plus que jamais nécessaire. Ce résultat décevant n’était-il pas prévisible ? Emmanuel Macron, en habile tacticien, n’a-t-il pas réussi avec cet…

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Auteur: Gaspard d’Allens (Reporterre) Reporterre