L’Élysée accueille cette semaine un sommet France-Afrique où le président français veut exposer sa vision d’un « New Deal » pour le continent. Pour Milan Rivié, du Comité pour l’abolition des dettes illégitimes, c’est un simple coup de com’. Tribune.
Presque un an jour pour jour après ses fausses déclarations pour « une annulation massive » de la dette africaine, le président français Emmanuel Macron s’assure un nouveau coup de com’ en plaidant pour un New Deal sur le continent. L’opération vise avant tout à faire la promotion du sommet des 17 et 18 mai prochain à Paris et tenter de (re)faire de la France un acteur incontournable en Afrique. Ces dernières semaines, l’État français s’est pourtant davantage signalé par sa volonté de faire perdurer la Françafrique qu’à une volonté de refonte complète de sa politique de coopération.
L’annonce d’un « New Deal » pour l’Afrique
En marge d’un déjeuner à l’Élysée (Paris, France) avec le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, Emmanuel Macron s’est adressé à la presse concernant l’impact économique désastreux de la pandémie en Afrique. Faisant état du « ralentissement très fort » des économies africaines, le président français a déclaré : « Nous sommes en train collectivement d’abandonner l’Afrique à des solutions qui datent des années 1960. Nous devons absolument inventer pour le 17-18 mai prochain, un New Deal du financement de l’Afrique, c’est-à-dire des solutions profondément novatrices, une échelle d’ambition qui corresponde à ce que nous sommes en train de vivre. Sans quoi, nous laisserons le continent africain face à la pauvreté, nous laisserons le continent africain et sa jeunesse face à la réduction de leurs opportunités économiques, à une migration subie et à une expansion du terrorisme ».
Avec une contraction du PIB de 2,1 % en 2020, une chute drastique des flux financiers extérieurs (investissements directs étrangers, aide publique au développement, envois de fonds de la diaspora), la dépréciation d’une majorité de devise, une hausse vertigineuse de l’endettement extérieur, une insécurité alimentaire croissante symbole de la vulnérabilité du continent aux facteurs exogènes, et 69 millions d’Africain-es supplémentaires – principalement des femmes – poussé-es dans l’extrême pauvreté d’ici la fin 2021, la situation à laquelle doivent faire face les Africain-es est effectivement critique.