Made in France

« Il y a des folies qui se prennent comme les maladies contagieuses. »
Maximes, La Rochefoucauld.

Furies de sang sur les épaules des agneaux
des marchés nationaux remplis de fruits légumes et autres aliments pourrissant
non pas tant sur les étals que dans les encéphales
la viande qui pense y est couverte de mouches
des larves dans les pores explorent les sillons
une odeur de décomposition s’installe dans les narines
la bile remonte à la bouche
l’envie de déglutir

l’orgue de barbarie a laissé place aux aboiements
de ceux désireux de sirènes incendies
de ceux désireux comme autrefois qu’on leur porte la missive

leurs yeux comme des miradors de chasseurs qui n’attendent que l’autorisation pour sortir les cutters

des enfants boucs émissaires cachés la nuit dans des cartons et poubelles à la vue de tous
devant des bijouteries de luxe protégées par des vitres en verres caméras hommes armés et anti-vols high-tech

si le jour les rues semblent propres
une boue invisible fait déraper dans l’immondice
la fange n’est pas une fiction
elle est là omniprésente
dans l’eau qu’on boit
sur les feuilles d’herbes piétinées jetées aux crématoriums
dans les feuilles des journaux
dans l’écorce du vide
et elle ne vient pas de l’extérieur

et on n’est pas les seuls à la produire

*

Vous avez remarqué que pris en photo
certains politiques sentent mauvais
qu’un Vol-de-mort se dégage de leurs images
comme de leurs paroles
« on n’est plus dans le monde des Bisounours
on est dans un monde horrible
donc de temps en temps il faut prendre aussi des mesures d’autorité
quitte à choquer »
leur credo :
non pas résoudre les difficultés mais les dissoudre

Pol Pot ne disait pas autre chose

*

Les bûchers de philosophes éclaireront la ville
de leurs lumières
lorsque la nuit barbare
aura pris possession des foyers
les enfants iront à l’école pour apprendre à tuer
l’autre
celui avec qui un temps on chantait la victoire des bleus
du spectre des couleurs
il ne restera que le blanc et le rouge
ainsi qu’un noir infini
qui n’est pas une couleur
au-dessus des toits
la ville chantera l’eugénisme dans une symphonie pastorale
où les bergers et les bergères seront joués par des loups
avec des fleurs dans les cheveux
et des cocardes revisitées
la lyre mondaine trouvera son château
les églises fleuriront à nouveau
alors on apprendra
à ceux qui ont oublié
que le plaisir n’a de sens que s’il sert à enfanter
des fœtus dans des abattoirs
qui finiront…

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Auteur: lundimatin