Magasins bio, des fermetures en cascade

[Série 2/4] Vous lisez l’enquête « L’agriculture bio dans la tourmente ». Pour ne pas rater le prochain épisode, abonnez-vous à notre lettre d’info.


« Non à la fermeture définitive de la biocoop de Tallard ! » En six semaines, la pétition a déjà reçu plus de 3 000 signatures. Les habitants de ce village, situé dans les Hautes-Alpes à 15 kilomètres de Gap, veulent pouvoir continuer d’acheter, près de chez eux, « une nourriture saine et respectueuse de l’environnement ». Le seul commerce de la commune va pourtant bien fermer ses portes le 31 mars prochain.

« Nous avions implanté ce magasin à Tallard en 2018 justement parce qu’il n’y avait pas d’autres commerces, explique Fabien Fléchard, directeur des quatre magasins Biocoop Le Grenier de la région. Il n’était pas rentable, mais à l’époque la croissance de nos autres magasins permettait de le maintenir. Avec le déclin actuel du bio, nous n’avons pas le choix si nous ne voulons pas mettre en péril nos autres magasins. »

Pour les mêmes raisons, la coopérative fermera aussi fin mars un second magasin, à Gap. Ces deux fermetures ne sont qu’un exemple parmi des dizaines d’autres recensées partout en France depuis un an. Au 15 décembre 2022, Bio Linéaires, magazine spécialisé, comptabilisait 224 fermetures de magasins au sein des grands réseaux et des indépendants, contre seulement 111 ouvertures.

« Tout a basculé presque du jour au lendemain »

En moyenne, le chiffre d’affaires des distributeurs bio a subi un recul de 12 % sur l’année 2022. Du jamais vu. « Alors que la consommation de produits bio affichait une croissance à deux chiffres depuis dix ans, tout a basculé presque du jour au lendemain, en juin 2021, à la réouverture des restaurants après la fin des mesures de confinement lié au Covid », explique Bertrand Pérot, PDG de l’enseigne Le Grand panier bio, qui compte vingt magasins en région Auvergne-Rhône-Alpes. Lui qui affiche vingt ans de métier dans la bio a le sentiment de vivre « un retour quinze ans en arrière ». Si les clients historiques restent fidèles, les consommateurs, souvent plus jeunes, qui s’étaient convertis au bio ces dernières années, fréquentent moins les rayons ou remplissent moins leur panier.

« Après la période du Covid, les gens ont eu besoin de renouer avec les loisirs, au détriment du budget alimentation », estime Éric Natali, trésorier du réseau Accord bio, un groupement de 195 magasins indépendants au sein duquel 17 ont fermé en 2022 — dont 14 pour des raisons économiques. À l’effet post-Covid se sont ajoutées l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat, poussant les consommateurs et consommatrices vers les marques de…

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Auteur: Fabienne Loiseau Reporterre