Mais au moins, le capitalisme est libre et démocratique, non ?

Parmi les mythologies qui entourent le capitalisme figure au premier plan l’idée que seul celui-ci permettrait l’épanouissement de la liberté et de la démocratie. C’est pourtant l’inverse qui est vrai : une liberté véritable et une démocratie réelle sont profondément incompatibles avec le capitalisme, comme le démontre ici le sociologue Erik Olin Wright.

***

Aux États-Unis, beaucoup tiennent pour acquis que la liberté et la démocratie sont inextricablement liées au capitalisme. Milton Friedman, dans son livre Capitalisme et liberté, est allé jusqu’à affirmer que le capitalisme était une condition nécessaire à ces deux éléments.

Il est certainement vrai que l’apparition et la diffusion du capitalisme ont entraîné une formidable expansion des libertés individuelles et, finalement, des luttes populaires pour des formes plus démocratiques d’organisation politique. L’affirmation selon laquelle le capitalisme fait fondamentalement obstacle à la liberté et à la démocratie paraîtra alors étrange à beaucoup.

Dire que le capitalisme restreint l’épanouissement de ces valeurs ne signifie pas que le capitalisme a toujours été contraire à la liberté et à la démocratie. Au contraire, par le fonctionnement de ses processus les plus fondamentaux, le capitalisme génère de graves déficits de liberté et de démocratie auxquels il ne pourra jamais remédier. Le capitalisme a favorisé l’émergence de certaines formes limitées de liberté et de démocratie, mais il impose une limite à leur réalisation ultérieure.

Au cœur de ces valeurs se trouve l’autodétermination : la conviction que les gens devraient être en mesure de décider des conditions de leur propre vie dans toute la mesure du possible.

Lorsqu’une action entreprise par une personne n’affecte que cette personne, elle doit pouvoir s’engager dans cette activité sans demander la permission à quiconque. C’est le contexte de la liberté. Mais lorsqu’une action affecte la vie d’autres personnes, ces dernières doivent avoir leur mot à dire dans cette activité. C’est le contexte de la démocratie. Dans les deux cas, la préoccupation majeure est que les gens conservent le plus de contrôle possible sur la forme que prendra leur vie.

Dans la pratique, quasiment tous les choix que fait une personne ont un effet sur les autres. Il est impossible pour chacun de contribuer à chaque décision qui le concerne, et tout système social qui insisterait sur une participation démocratique aussi complète imposerait un fardeau…

La suite est à lire sur: www.contretemps.eu
Auteur: redaction