Malaise dans la viticulture : « Le prix de la bouteille de vin ne rentre pas en compte dans notre rémunération »

A l’ombre des grands crus et de l’insolente richesse des châteaux prestigieux, des vignerons crient leur désarroi. Le 6 décembre, des viticulteurs ont manifesté à Bordeaux, redoutant « un plan social pour la viticulture », entre effondrement des prix et surproduction. Au sein de cette profession, beaucoup n’atteignent pas le salaire minimum. « Les viticulteurs sont souvent payés en dessous du Smic », nous confie Camille*, une productrice du Bordelais installée depuis 2005. Depuis plusieurs années, elle a vu le revenu de ses collègues vignerons dévisser, sauf pour celles et ceux en agriculture biologique.

Les grandes inégalités de revenus entre viticulteurs ne sont pas nouvelles. Selon une étude assez ancienne (2011) – réalisée par la mutualité sociale agricole qui n’a pas été en mesure de nous transmettre des données plus récentes –, le revenu familial par équivalent temps plein n’atteignait pas le niveau du Smic dans plus d’une exploitation viticole sur deux. Ces données recèlent évidemment de fortes disparités : « Il y en a qui s’en tirent bien, notamment ceux qui comme moi ne dépendent pas de coopératives, sont à leur compte et arrivent à dégager de la valeur ajoutée », souligne Mathieu Dauvergne, vigneron producteur indépendant installé à Limoux dans l’Aude. Quant aux autres….

Les Vignerons libres est la première cave coopérative viticole de France, située à Maraussan (Hérault)

En 1901, 128 viticulteurs se regroupent et créent cette coopérative avec pour devise : « Tous pour chacun, chacun pour tous ».

Dans le milieu, difficile de croiser une ou un viticulteur sans qu’il n’évoque sa coopérative. Une bouteille de vin sur deux en France est en effet issue de coopératives viticoles. Cette coopération agricole, Hervé Changarnier l’a toujours défendue. Il était viticulteur dans le Sud-Ardèche jusque fin 2019 avant de transmettre son exploitation. Dans ce territoire, beaucoup de caves coopératives sont nées à partir des années 1920. C’est ce maillage qui, d’après lui, a construit et consolidé la viticulture : « Au début, il n’y avait pas d’organisation commerciale collective commune. Chacun vendait sa production au négociant : il n’y avait pas d’organisation pour les prix. Grâce à la coopérative, on s’est motivés, on a replanté des vignes, réencépagé, dans l’optique de faire de la vente directe plutôt que de passer par le négoce. L’organisation commerciale, c’est bon pour les…

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Auteur: Nolwenn Weiler, Sophie Chapelle