Malgré la Nupes, « Macron risque de mener une politique encore plus à droite »

Bastien François est professeur à l’université Panthéon-Sorbonne, où il dirige le master « Transformation des démocraties contemporaines : transitions écologiques ». Il a été conseiller régional Europe Écologie-Les Verts d’Île-de-France de 2010 à 2015 et a présidé la Fondation de l’écologie politique de 2017 à 2021. Il est spécialiste des questions démocratiques et de la transition écologique.


Reporterre — Arrivée en deuxième position au premier tour des élections législatives dimanche 12 juin 2022, la coalition présidentielle Ensemble ! n’est pas assurée d’obtenir la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Quelle est la différence entre majorité absolue et majorité relative ?

Bastien François — L’Assemblée nationale étant composée de 577 députés, la majorité absolue se situe à 289 sièges. Quand on dispose de cette majorité absolue, on est sûr de gagner tous ses votes.

Si l’on ne dispose que d’une majorité relative — c’est-à-dire qu’on est la première force politique à l’Assemblée nationale mais qu’on n’a pas obtenu plus de la moitié des sièges —, c’est plus compliqué. Si l’un des groupes parlementaires s’abstient, on peut faire passer sa loi. Mais si tous les autres groupes parlementaires votent contre, elle ne passera pas. En cas de majorité relative, le parti présidentiel devra donc faire des concessions pour obtenir l’appui d’un autre groupe parlementaire — en l’occurrence, celui des Républicains — pour faire voter ses textes. Le gouvernement risque donc de mener une politique encore plus à droite.

À noter que Ensemble ! est déjà une coalition comprenant la République en marche, le Modem, Agir et Horizons. Ce n’est pas un problème pour la majorité présidentielle, car on peut imaginer que ces groupes voteront toujours tous ensemble. Mais cela reste plus difficile à gérer que la situation de 2017, où la République en marche seule disposait d’une majorité absolue avec 308 sièges.



Est-il courant qu’un président de la République à peine élu peine ainsi à obtenir une majorité absolue à l’Assemblée nationale ?

Ce cas de figure s’est déjà présenté en 1988, lors de la réélection de François Mitterrand. Ne disposant que d’une majorité relative à l’Assemblée nationale, son Premier ministre Michel Rocard a fait passer la moitié de ses lois grâce aux votes des députés communistes, et l’autre moitié grâce aux voix centristes.

S’il disposait d’une majorité absolue à son…

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Auteur: Émilie Massemin Reporterre