Une voiture estampillée Médecins du monde gravit les lacets du col de Montgenèvre (1850 m), au-dessus de Briançon, à la tombée de la nuit. A bord, Camille, trentenaire et infirmière marseillaise. Depuis bientôt un an, elle participe aux « maraudes », deux weekends par mois. A l’instar de leurs homologues qui parcourent les rues des agglomérations pour aider sans abris et familles en quête de nourritures et d’un toit, ces maraudes en montagne visent à mettre à l’abri les exilés en difficulté, souvent perdus et parfois frigorifiés. La conductrice du véhicule ce soir-là est Tahnee. Scénariste de BD, elle a quitté Nantes pour s’installer à Briançon depuis le début de l’année, intéressée par la montagne et par la dynamique du territoire autour de l’exil. « J’ai rencontré plein de gens passionnants. Ce qu’il se passe ici est un cercle vertueux infini », se réjouit-elle. Ce cercle vertueux de la solidarité a pourtant une face sombre dans cette zone frontalière entre l’Italie et la France, de plus en plus militarisée.
Camille a découvert tout un monde de tensions, qu’elle ne soupçonnait pas. « Avant de venir ici, je croyais que la pression ne s’exerçait que sur les exilés », dit-elle. Comme les autres bénévoles, Camille et Tahnee subissent le harcèlement des gendarmes et des agents de la la police aux frontières (PAF). « Tout l’hiver ils ont mis des amendes à 135 euros pour non-respect du couvre-feu, pour des attestations dérogatoires soit disant non conformes », expose l’infirmière.
Pourtant, comme pour n’importe quelle autre action d’assistance à des personnes vulnérables, les maraudes à Montgenèvre en périodes de confinement ou de couvre-feu dues à la crise sanitaire sont autorisées par la préfecture. Médecins du monde conteste une soixantaine de contraventions ciblant ses bénévoles. Cette pratique arbitraire des forces de l’ordre a cessé depuis fin mars. D’autres subsistent encore. Les véhicules de gendarmerie prennent en filature ceux des maraudeurs. Basta ! l’a constaté dans la voiture de Camille et Tahnee cette nuit du 23 au 24 avril. Garée sur un parking de la station de montagne, l’automobile pourtant sérigraphiée du logo de l’ONG humanitaire, a été braqué pendant deux heures par les phares de voitures de gendarmerie se relayant pour assurer la surveillance de ce véhicule « suspect ».
Des peines de prison en guise de récompense pour « une mission de quasi service public »
Mais suspect de quoi ? L’objectif de ces…
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Auteur: Pierre Isnard-Dupuy