Malgré les discours, le nucléaire mondial a encore décliné en 2022 dans le monde

En plein débat public sur le futur du nucléaire français, il est toujours instructif de sortir de la cuve atomique française pour prendre un peu de hauteur. C’est tout l’objectif du rapport sur l’état des lieux de l’industrie nucléaire mondiale (WNISR), décorticage annuel réalisés par des experts indépendants. Présenté à Paris le 1er février, il permet d’observer cette industrie dans son entièreté et sur le temps long.

En janvier 2023, le monde compte 412 réacteurs en service répartis sur trente-trois pays, pour une production de 2 653 TWh (terawatt-heure) (chiffre pour 2021). Désormais, la part du nucléaire est passée sous la barre des 10 % de la production électrique nette mondiale (9,8 %). Depuis le pic de 1996 où l’atome en produisait 17,5 %, les chiffres confirment l’essoufflement d’une industrie qui produit chaque année moins d’électricité que les renouvelables.

« Depuis trois ou quatre ans, je suis effaré par le fossé qui se creuse entre la perception publique du secteur et sa réalité industrielle, s’étonne Mycle Schneider, observateur de longue date du parc nucléaire mondial et qui pilote l’étude. Ce n’est pas le seul débat complètement déconnecté de la réalité, mais les implications sont phénoménales. » En réalité, l’atome est de plus en plus rapidement dépassé par l’éolien et le solaire, qui fournissent désormais près de 15 % de l’électricité mondiale.

Ce que le rapport omet de dire, c’est qu’en Europe, face à la crise énergétique, nombre de pays — Pays-Bas, Suède, Pologne, Slovaquie, Grande-Bretagne, France, etc. — veulent relancer leurs programmes respectifs. Mais, explique M. Schneider, « nous ne nous fions pas aux effets d’annonce, notamment en France où nos industriels ne parviennent pas à faire la preuve de leur capacité industrielle à construire six ou dix EPR ». Idem aux États-Unis, où il affirme que Westinghouse n’a plus les capacités humaines et industrielles pour construire de nouvellles unités rapidement.

Malgré l’invasion de l’Ukraine, la Russie reste leader de l’industrie nucléaire

Car en 2022, sur les quinze mises en service prévues, seuls sept réacteurs ont été couplés au réseau, dont trois en Chine, un en Corée du Sud, un en Finlande (raccordé en mars avant d’être stoppé pour cause d’événements « inattendus »), un au Pakistan et un dans les Émirats arabes unis. Huit autres unités doivent démarrer en 2023. À l’inverse, cinq réacteurs ont été définitivement fermés, dont trois en Grande-Bretagne, un aux États-Unis et un autre en Belgique.

La Chine sert de locomotive à tout le secteur : à elle seule, entre 2003 et 2022, elle a mis en service…

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Auteur: Reporterre