Mali : pourquoi la Katibat Macina et l’État islamique au Sahel se combattent dans le Macina ?

L’actualité de la crise au Sahel est dominée par les attaques récurrentes de l’État islamique au Sahel (EIS) dans la région du Liptako-Gourma, principalement au Burkina Faso et au Mali. Cette situation pousse les populations civiles de cette région à fuir les combats . Ces conflits sont la continuité de la lutte fratricide, qui oppose la Katibat Macina (affiliée au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), ce dernier aussi étant relié Al-Qaïda); et l’EIS (affilié à l’État islamique).

Aujourd’hui, cette lutte entre la Katibat Macina et l’EIS dans le Delta intérieur du Niger semble être reléguée au second plan. Et pourtant, elle est pleine d’enseignements, quant au caractère radical, idéologique ou sur les types de négociations que ces groupes instaurent ou/pas avec les populations locales.

Dans cet article, nous ambitionnons d’expliquer pourquoi ces deux organisations se sont engagées dans une guerre fratricide, singulièrement dans le Delta intérieur du Niger, quand une partie des combattants de la Katibat Macina a fait défection au profit de l’EIS.

Pourquoi analyser ces deux organisations ?

Premièrement, ces organisations proviennent toutes les deux du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO).

Deuxièmement, elles puisent dans le même vivier, c’est-à-dire qu’elles sont majoritairement composées de Peulhs nomades, qui pour leur grande majorité, n’appartiennent pas à l’élite peulhe (Jowros), qui réglemente l’accès aux bourgoutières (pâturages).

Troisièmement, une partie de l’EIS est issue de la défection de la Katibat Macina. Ces deux organisations sont restées longtemps sans se faire la guerre. De l’Afghanistan à la Libye, en passant par l’Irak, partout où ces deux organisations (Al-Qaida et l’État islamique) étaient présentes, elles se combattaient. Or, au Mali, et plus généralement dans le Sahel, l’EIS est resté un bon moment sans afronter la…

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Auteur: Lamine Savané, PhD science politique, ATER, CEPEL (UMR 5112) CNRS, Montpellier, Post doctorant PAPA, Université de Ségou