Mamie vote Marine, elle a trois ans à vivre. Lettre à celles et ceux qui vivront plus longtemps.

Lettre à mes étudiant.e.s et à la jeunesse qui n’ira pas voter dimanche.

Je n’écris pas cet article pour vous convaincre. Je l’écris pour ne pas regretter de ne pas l’avoir fait, à l’annonce des résultats du premier tour de dimanche soir. Parce que je crois qu’il faut essayer. Parce que je crois que vous méritez que l’on essaie au moins de vous convaincre qu’il faut aller voter dimanche puisqu’un dernier sondage Ipsos pour Le Monde nous dit que « seulement 60% des 18-24 ans et 55% des 25-34 ans sont certains d’aller voter ». Peut-être aussi plus égoïstement parce qu’il me sera plus facile d’aller voter dimanche en sachant que j’aurais au moins essayé de vous avoir convaincu d’en faire de même. 

« Tous les vieux votent, ils vont choisir notre av’nir. Mamie vote Marine, elle a trois ans à vivre.« 

Depuis maintenant presque 20 ans je suis chaque jour à votre contact et à votre proximité. Vous avez très majoritairement entre 18 et 24 ans, vous êtes mes étudiant.e.s, et vous avez heureusement tout un tas d’autres innombrables qualités.

Depuis presque 20 ans que je vous suis presque au quotidien pendant au moins deux ans, je vois une partie de vos joies, une partie de vos peines, je vous vois parfois comme une masse globalement dépolitisée, peut-être, certainement même davantage que je ne l’étais quand j’avais votre âge. Mais j’ai la lucidité de me dire que peut-être que vous aussi lorsque vous aurez 50 ans vous écrirez ce genre de phrase 😉 Je vois aussi celles et ceux d’entre vous qui sont, comme je pouvais l’être à votre âge, déjà politisés, déjà engagés. Et puis je vois vos colères et vos indignations sur Instagram, j’entends et je vois certaines de vos conversations, je connais et je sais certaines de vos implications, certains de vos engagements, associatifs, militants. Je vous vois grandir et vieillir au prisme du contact que nous gardons par différents réseaux sociaux. Je suis toujours étonné de certains de vos parcours. Je connais le poids de vos déterminismes sociaux, affectifs, culturels, économiques mais je sais l’immensité de vos possibles pour peu que le monde vous laisse le temps de les déployer.

« Tous les vieux votent, ils vont choisir notre av’nir. Mamie vote Marine, elle a trois ans à vivre.« 

Mais surtout, surtout, et c’est pourquoi cette lettre, année après année, je vois vos conditions de vie, d’étude, de sociabilité, se dégrader. Constamment. Inexorablement. Depuis deux ans avec le Covid bien sûr, une épidémie dont nous commençons à peine à prendre la mesure de tout le mal…

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Auteur: olivierertzscheid Olivier Ertzscheid