En 2017, le journaliste Jean-Laurent Cassely a fait paraître un ouvrage intitulé La révolte des premiers de la classe. Il y dépeint un phénomène grandissant, celui de la fuite des jeunes élites vis-à-vis des « jobs à la con » ou « bullshit jobs » qui fleurissent dans les organisations. Ce sont des emplois qui paraissent d’autant plus inutiles et dérisoires qu’ils sont associés à une bonne rémunération.
À cela s’ajoutent des ordres contradictoires dictés par des managers qui ressemblent parfois à s’y méprendre au père Ubu, le personnage d’Alfred Jarry connu pour son despotisme malhabile et sa forfanterie outrancière. Face à une hypermodernité froide et à un management en panne, les jeunes diplômés apparaissent bien souvent déçus, désillusionnés, voire désespérés.
Sur ce point, la professeure Brigitte Nivet parle dans un ouvrage récent d’un « malaise dans le management ». Pour elle, nul doute que cet « art de diriger » connaît une crise sans précédent. Elle constate notamment que les jeunes diplômés n’aspirent plus du tout à la fonction de manager.
Parmi les raisons invoquées, l’enseignante-chercheuse à l’ESC Clermont revient sur trois modèles de management qui sont encore enseignés et utilisés : celui du gestionnaire scrupuleux issu de la tradition de l’organisation scientifique du travail, celui du leader, avec le mythe de l’homme providentiel, et celui de l’accompagnateur, du facilitateur et du soutien. Ces trois modèles sont plus ou moins en crise et suscitent la confusion parmi les jeunes diplômés. Dès lors, le paradoxe relevé par Brigitte Nivet devient saisissant : de nombreux jeunes diplômés d’école de management, qui sont préparés à devenir managers, ne veulent plus manager.
Doute, écoute et délibération
La plupart des ouvrages de management…
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Auteur: Thomas Simon, Assistant Professor, Montpellier Business School