Manifestation de la police : les chaînes d'info co-écrivent l'histoire avec les syndicats de police

Dès la première heure, mercredi 19 mai, les chaînes d’info étaient sur le pied de guerre. C’est ce genre d’événements extra-ordinaires, rompant le ronron quotidien des bulletins répétés ad nauseam, à l’identique, qui font leur raison d’être – éditoriale comme économique. Qui plus est, les jours précédents, la manifestation faisait déjà la Une dans les grands médias, en raison de la présence annoncée de nombreux responsables politiques.

Que cet épisode ait été largement couvert médiatiquement n’est d’ailleurs sans doute pas critiquable, compte tenu de son contenu et de sa portée symbolique. Sur ce point, contentons-nous tout de même de souligner que moult manifestations (non moins symboliques) passent littéralement sous les radars médiatiques, comme ce fut notamment le cas de la journée de mobilisation et de grève chez les soignants, les personnels de l’hôpital public et dans les secteurs médico-social et social d’octobre 2020.

La police vous parle : une journée de co-production police/médias

La large couverture offerte à ce mouvement policier est une chose. Une autre est le dispositif journalistique et éditorial peu commun déployé par BFM-TV, CNews et LCI, davantage digne d’une agence de communication que de chaines d’information.

– D’abord, parce que dès la matinée, des journalistes de BFM-TV et CNews étaient embarqués dans des cars de policiers, affrétés par des commissariats de province pour rejoindre la capitale. Chez BFM-TV, deux envoyés spéciaux étaient dépêchés à Lille et à Avignon, et le premier revendiquait à l’antenne « suivre [le] matin la délégation SGP-Police depuis le commissariat central de Lille. Les bus vont partir, […] on arrivera aux Invalides pour rejoindre l’Assemblée nationale ». Autant d’informations à valeur à peu près nulle, qui n’en ont pas moins construit un récit « embarqué » et « télégénique », gage de remplissage pour des chaînes qui, depuis quelques années, confondent régulièrement leurs antennes avec des films d’action ou des spots publicitaires de la préfecture.

– Ensuite, parce que pour compléter les images transmises par les nombreux journalistes présents sur le lieu de la manifestation, les directions des chaînes ont choisi de retransmettre en direct des contenus fournis par les syndicats de police eux-mêmes. Le diaporama vidéo, diffusé devant l’Assemblée nationale sur grand écran, a par exemple été incrusté à l’antenne à de nombreuses reprises :

Sur BFM-TV, le…

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Auteur: Acrimed