Marat 2023

Le retour à Marat est utile si l’on veut saisir une pensée et une pratique contestataires radicales en période révolutionnaire, sous leur forme la plus exacerbée, lorsque toutes les questions fondamentales – celles du pouvoir, de l’État, de l’insurrection – sont posées.

Traqué, méprisé et haï par les partisans du roi dont il dénonce sans relâche les agissements, écrivant en exil ou caché dans les caves, forcé de publier clandestinement son journal L’Ami du peuple, Marat défend de 1789 à 1792 des positions intransigeantes qui prolongent et intensifient les idées énoncées dès 1774 dans Les Chaînes de l’esclavage. Au fil de pages parfois contradictoires, écrites sous la pression des évènements, se découvrent un machiavélisme et un rousseauisme portés à leur paroxysme, poussés dans leurs conclusions les plus extrêmes et mis au service de la lutte du peuple contre la tyrannie. Ce Marat-là, quasi-anarchiste, intraitable face aux gouvernants, nous livre, avec ses fulgurances et ses hésitations, et pour peu qu’on accepte d’aller à l’essentiel, une théorie de la résistance permanente à la stabilisation de l’ordre politique et institutionnel. Pour faire écho à l’urgence avec laquelle cette pensée fut énoncée, une synthèse concise s’impose, sous forme des dix propositions suivantes.

Proposition 1. Les gouvernants trahissent toujours les citoyens

Quelle que soit leur position institutionnelle, quelles que soient leurs déclarations ou leurs intentions supposées, les gouvernants trahissent toujours les citoyens. C’est une fatalité inexorable, structurelle, qui tire son origine de la domination politique en tant que telle : il n’y a pas de bons gouvernants. Ceux-ci, tôt ou tard, cherchent à « satisfaire leur cupidité, leur avarice, leur ambition », privilégient leur intérêt personnel tandis que leur législation ne vise qu’à asservir les citoyens. Cette évolution peut être…

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Auteur: dev