Marat – savant et tribun de Clifford D. Conner

En septembre dernier paraissait un livre de Clifford D. Conner intitulé Marat. Savant et tribun, traduit de l’anglais par Étienne Dobenesque (La Fabrique éditions, septembre 2021 [2012]). Dans cette note de lecture réalisée par nos amis d’Antiopées, on apprend à quel point Marat était lucide sur les manqués de la Révolution française et les faux amis du peuple que sont ses représentants, d’hier et de toujours.

« Si les noirs et les ministériels gangrénés et archigangrénés sont assez téméraires pour […] faire passer [ce projet], citoyens dressez huit cents potences dans le jardin des Thuilleries et accrochez-y tous ces traîtres à la patrie, l’infâme Riquetti à leur tête : en même temps que vous ferez au milieu d’un bassin un vaste bucher, pour y rotir les ministres et leurs suppots. » L’Ami du Peuple n’y allait pas de main morte… Mais il faut reconnaître qu’il y avait de quoi enrager – et ce même si ce passage 1) est précédé de la phrase suivante, que les historiens réactionnaires se gardent bien de citer : « Ici je vois la nation entière se soulever contre cet infernal projet, j’entends vingt-cinq millions de voix s’écrier à l’unisson : Si les noirs, etc. » et 2) est délibérément exagéré par l’auteur lui-même afin de provoquer une réaction disproportionnée de ses ennemis – soit, en gros, en ce mois d’août 1790, toute la représentation nationale (l’Assemblée constituante issue des États généraux de 1789), le gouvernement et les chefs militaires. La provocation fonctionna parfaitement, puisque Malouët, l’un des chefs du parti dit « constitutionnel », soit les « modérés » qui considéraient que la Révolution en avait bien assez fait en prenant la Bastille et en poussant les aristocrates à mettre fin à leurs privilèges durant la « nuit du 4 août », Malouët dont il faut préciser encore qu’il était un planteur de Saint-Domingue – donc esclavagiste – expressément mis au défi par Marat de le traiter d’assassin, tomba tout droit dans le panneau et demanda que le rédacteur de L’Ami du Peuple et quiconque collaborait avec lui soient immédiatement arrêtés. Ce par quoi, une fois de plus, Marat mit les rieurs de son côté et ridiculisa l’homme de pouvoir. Mais de quoi s’agissait-il au fait ?

Une mutinerie avait eu lieu au sein de trois régiments stationnés à Nancy. Voici ce qu’en dit un dictionnaire de la Révolution française, manifestement mal inspiré : « Nancy (mutinerie de). Ce fut le plus grave des…

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Auteur: lundimatin