Marocains, Sénégalais, Équatoriens… Ces travailleurs étrangers qui ramassent nos pêches françaises

Reporterre publie une série d’articles afin de décrypter «l’envers du manger français». En plus de ces portraits d’hommes et femmes qui ramassent nos abricots, pêches et melons, vous pourrez découvrir :

 un reportage dans des vergers des Bouches-du-Rhône, où sont employés des travailleurs étrangers, bien souvent dans des conditions de travail et d’hébergement indignes;

 un entretien croisé avec un avocat et un sociologue pour comprendre la complexité juridique et sociologique du travail détaché dans le secteur agricole en France.

Qui sont celles et ceux qui ramassent nos pêches et nos melons? Les personnes qui viennent travailler pour Terra Fecundis dans le sud de la France et dont on n’aperçoit que les silhouettes courbées dans les champs de tomates et de melons ont aussi un visage et une histoire. Elles viennent de quelque part, appartiennent à d’autres mondes et ont des rêves, des rages, des doutes et de l’humour. Reporterre a rencontré six d’entre elles. Leurs routes se croisent plus ou moins pour se rejoindre toutes dans les champs de Camargue, des Alpilles et de la plaine de la Crau.

Dialo n’est en France que depuis quelques mois et il n’est pas près d’oublier son printemps 2020. Il raconte son histoire dans un très bon français, perlé de mots en espagnol. En plein confinement et fermeture des frontières, ce Sénégalais de 40 ans a atterri au mas de la Trésorière, un des lieux d’hébergement de travailleurs Terra Fecundis en Camargue, à quelques kilomètres d’Arles. Depuis le 30 juin 2020, le lieu est sous le coup d’un arrêté préfectoral de fermeture. Ses journées commencent à 5 h 40 du matin pour partir vers les champs… mais ils ne sont payés qu’à partir du moment où ils commencent à travailler «effectivement», parfois plus d’une heure après être partis. La pause de midi dure une heure, parfois 30 minutes, parfois elle est utilisée pour se déplacer d’un champ à un autre. «Tu sais jamais quand tu finis tes journées. Tant qu’on a pas fini ce qu’on devait faire, on s’arrête pas. Ça peut être jusqu’à 19h, 21h ou même 22h.»

Le grand homme discret vient de Thiès, la troisième plus grande ville du Sénégal. Il a vécu plusieurs années à Dakar, la…

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