Masques et radicalité de Frantz Fanon



Frantz Fanon. Une vie en révolutions, Adam Shatz, traduit de l’anglais (États-Unis) par Marc Saint-Upéry, La Découverte, 512 pages, 28 euros.

Combattant de la « France libre » – qu’il a rejointe en s’échappant clandestinement de sa Martinique natale alors sous contrôle vichyste –, puis de l’armée du général de Lattre libérant la France durant les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale, Frantz Fanon y fut néanmoins un « toubab » ! Une appellation qui signifiait que tout Noir qu’il fût mais ressortissant des « vieilles » colonies (Antilles, Réunion, Guyane, conquises à partir du XVIe siècle), il ne faisait pas partie des troupes dites « coloniales », celles des tirailleurs algériens ou sénégalais, mais bien des troupes « régulières ».

Alors que l’armée française se rapproche victorieusement du Rhin, le haut commandement opère un « blanchiment » de ses troupes, renvoyant soudain les bataillons coloniaux à l’arrière. Mais les Antillais sont parmi les libérateurs, des Vosges et de Mulhouse, qui font bientôt flotter le drapeau tricolore au sommet de la cathédrale de Strasbourg. Et les troupes coloniales, qui combattirent pour la plupart en première ligne – en en payant le prix fort – notamment à Monte Cassino au sud de Naples où ils remportèrent la très meurtrière bataille du Garigliano à l’hiver 1944, disparaissent des clichés des « vainqueurs ».

Lors de l’offensive dans l’est de la France, découvrant la neige, le « toubab » Frantz Fanon, excellant au combat, blessé par deux fois, est décoré par le général Salan, futur putschiste et défenseur acharné de l’Algérie française. Le jeune soldat martiniquais s’était engagé pour se battre « contre les…

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Auteur: Olivier Doubre