Maurice Nadeau, le journaliste littéraire et politique

Comme éditeur, il a introduit ou découvert des auteurs tels que Henry Miller, Witold Gombrowicz, Malcolm Lowry, Georges Perec, Arno Schmidt, Stig Dagerman, Bruno Schulz, Rachid Boudjedra, Lawrence Ferlinghetti, etc. En tant que journaliste littéraire, Maurice Nadeau aura écrit de quoi remplir trois énormes volumes dont le dernier vient de sortir aux éditions… Maurice Nadeau, puisque la maison porte toujours son nom, bientôt dix ans après sa mort.

Il a vécu longtemps, a eu de longues et fidèles amitiés, parfois discrètes (Pascal Pia, Jean Reverzy, Maurice Blanchot, Roland Barthes…), fut un lecteur assidu et, là aussi, extrêmement fidèle. Non pas l’homme des coups d’éclat ou des enthousiasmes fugaces, quand il aimait un écrivain, il le suivait, on peut le voir à travers son activité d’éditeur mais aussi dans les innombrables articles qu’il a publiés. Il suffit de regarder le sommaire général, ou encore les index, pour constater la répétition des occurrences, significative d’une bienveillante assiduité. Au fil des ans, Nadeau accompagne les mêmes auteurs, les mêmes idées, la même mémoire, tout en faisant encore des découvertes, car ouvert à toute jeunesse. Il déroule son filet d’encre dans des articles qui tiennent le plus souvent de la chronique et où donc se mêlent parfois ses propres souvenirs, c’est qu’il a vécu de bout en bout dans le jus littéraire et politique du XXe siècle français, plus exactement des années 1930 jusqu’en 2013 – un mois avant son décès, à l’âge de 102 ans, il rédigeait un dernier article.

Fort de 1824 pages, ce troisième tome de Soixante ans de journalisme littéraire est sous-titré Les années « Quinzaine littéraire », 1966-2013, il chemine en fait sur une période plus vaste encore, puisque les diverses parutions et reparutions sont prétextes à raconter les livres et leurs auteurs, à visiter la genèse de tel ou tel ouvrage, les accueils et les écueils, le sort de postérités incertaines.

Tiphaine Samoyault a rédigé une préface qu’elle a intitulée L’autonomie, car la création de La Quinzaine littéraire correspond à l’émancipation d’un homme épris d’une indépendance qui va jusqu’à vouloir s’engager sous son nom dans l’aventure et assumer ses choix en en payant le prix. C’est avec François Erval, aujourd’hui assez oublié, qu’il crée cette Quinzaine dont les premiers collaborateurs sont notamment François Chatelet, Marc Ferro, Michel Foucault, Dominique Fernandez, auxquels se joindront Jean…

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Auteur: lundimatin