Maurice Rajsfus, historien de la répression : « J'ai toujours été un emmerdeur »

Bien avant l’ère des smartphones, des réseaux sociaux et des vidéos témoignant de violences policières, Maurice Rajsfus a dédié sa vie à documenter les brutalités et les exactions de la police, souvent dans l’ombre, parfois dans l’indifférence du plus grand nombre. Celui qui se définissait comme un « historien de la répression » est décédé le 13 juin 2020 « après un combat inégal de six semaines contre la maladie » . « Nous poursuivrons ses combats pour la justice et l’émancipation. Ami, ta rage n’est pas perdue ! », avaient annoncé les éditions Libertalia avant d’organiser le 4 juillet dernier une journée en son honneur à la Parole errante à Montreuil (Seine-Saint-Denis).

Un « éclaireur » dans la documentation sur la police

Plusieurs intervenants sont alors revenus sur son œuvre et son parcours. « C’était un éclaireur », confie le journaliste David Dufresne, auteur du recensement Allô Place Beauvau (Écouter sur Radio Parleur le compte-rendu.) D’historien, Maurice Rajsfus n’en avait pas le diplôme académique, mais il en avait à coup sûr l’étoffe et la vocation, la rigueur et la persévérance, cherchant à reboucher certains trous de la mémoire collective ou grattant les recoins d’un passé peu fréquenté par les archivistes officiels.

Au commencement de notre travail de recensement sur les interventions mortelles des forces de l’ordre (visible ici), cette source incontournable avait accepté de répondre à nos interrogations. Un matin de 2018, six mois avant le début du mouvement des Gilets jaunes, il nous a reçus chez lui. Nous avons passé quelques heures en sa compagnie pour mieux connaître celui qui a été une telle référence pour des générations de militants, de collectifs de lutte, de journalistes, d’universitaires. Dans son appartement de Cachan, le vieil homme à la voix cassée n’est pas avare de souvenirs, d’anecdotes et de saillies malicieuses pour…

Auteur: Ludovic Simbille
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