Maxime Combes : « Emmanuel Macron veut disqualifier les pensées écologistes »

Maxime Combes est économiste. Il travaille sur les politiques climatiques, commerciales et d’investissement. Il est l’un des auteurs du rapport Allô Bercy sur les aides publiques versées au CAC 40. Il a également écrit Sortons de l’âge des fossiles ! Manifeste pour la transition (Seuil, 2015).

Maxime Combes, économiste. Twitter Maxime Combes


Reporterre — Qu’avez-vous pensé de l’allocution du président de la République, Emmanuel Macron, lundi 12 juillet ?

Maxime Combes — C’est le discours d’un monarque qui a décidé tout seul depuis l’Élysée. Il impose ses décisions à la population et au Parlement, sans jamais les associer. C’est profondément antidémocratique. Rien n’a été élaboré collectivement et cela aboutit à une forme d’impréparation. Dès le lendemain de l’allocution, le gouvernement a dû revenir sur certaines des mesures édictées. Il s’est rendu compte, par exemple, qu’il ne pouvait pas exiger que les enfants de 12-17 ans soient soumis au passe sanitaire dès le mois d’août

Ce discours illustre l’impasse démocratique dans laquelle nous sommes plongés depuis le début de la pandémie. Le gouvernement a renvoyé aux individus la responsabilité des réponses apportées à la crise. C’est eux qui doivent se masquer et bien se comporter. Si la situation se dégrade, c’est de leur faute. Le gouvernement privilégie toujours les mesures coercitives et de police aux mesures sanitaires, alors qu’il ferait mieux de débloquer des moyens colossaux sur les territoires. L’enjeu n’est pas de dire aux gens « Tu ne pourras pas aller boire un verre si tu n’es pas vacciné », mais d’amener le vaccin là où ils habitent. Une réelle politique sanitaire devrait donner les moyens à la population de s’impliquer et non pas la rendre dépendante des coups de menton des autorités.

Avec cette allocution, Emmanuel Macron est entré en campagne. La violence de son programme est extrême. Il explique qu’il ne changera absolument rien à sa politique économique et financière. Il se félicite et annonce tout tranquillement que pour payer la crise, on va continuer à taper sur ceux qui sont les plus faibles, ceux qui sont au front, les soignants, les classes populaires, les chômeurs, etc. À l’inverse, il ne dit rien sur tous les milliardaires qui se sont enrichis pendant la période. Cette dichotomie est révoltante.

Des soignants dénonçant leurs conditions de travail, lors d’une manifestation contre la réforme des retraites le 16 janvier 2020. Flickr/CC BY…

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Auteur: Gaspard d’Allens (Reporterre) Reporterre