Née en 1898, morte en 1983, May Piqueray a traversé le XXe siècle animée par la révolte. Refusant de serrer la main de Trotski ou fabriquant des faux papiers jusque dans les bureaux des autorités de Vichy, côtoyant Makhno, Emma Goldman, Marius Jacob, elle ne cessera de lutter, réfractaire à toutes les injustices. Autobiographie d’une anarchiste, judicieusement rééditée par les éditions Libertalia.
« Non, les anarchistes ne sont ni des utopistes, ni des rêveurs, ni des fous, et la preuve, c’est que, partout, les gouvernements les traquent et les jettent en prison afin d’empêcher la parole de vérité qu’ils propagent d’aller librement aux oreilles des déshérités, alors que si l’enseignement libertaire relevait de la chimère ou de la démence, il leur serait si facile d’en faire éclater le déraisonnable et l’obscurité. » C’est par la citation d’un long texte de Sébastien Faure que débute le récit de ses souvenirs, quatre pages qu’elle découvre à 18 ans et qui guideront toute son existence.
Elle nait et grandit en Bretagne, maltraitée par sa mère qui ne lui a jamais pardonné d’avoir failli mourrir en la mettant au monde, cause première d’une révolte contre l’injustice qui ne la quittera jamais. À onze, elle est « placée » chez un négociant en beurre, mais une institutrice qui l’a prise en affection l’engage à son service pour veiller sur son fils souffrant. Elle les suivra au Canada, pourra suivre des études et passera le bac au lycée de Montréal. Elle raconte son retour en France, la guerre, sa formation de sténodactylo, ses premiers boulots, ses premiers amours, sa rencontre avec les « anars » et notamment Sébastien Faure, son « père spirituel », puis Louis Lecoin avec qui elle se consacrera, à partir de 1921, à l’antimilitarisme. Alors que la « grande presse était muette sur ce crime légal qui allait se commettre », l’exécution de Sacco et Vanzetti, elle expédie à l’ambassadeur des États-Unis à Paris un colis piégé, attirant enfin l’attention des journalistes sur cette affaire. Tenant à voir de ses yeux « une personne comme Léon Daudet », elle assiste à un meeting d’extrême droite en compagnie de Germaine Berton, quelques jours avant que celle-ci ne tire sur Marius Plateau, au siège de L’Action française.« Entrée en anarchie » par instinct, elle se cultive à force de lectures et de discussions et trouve dans l’anarcho-syndicalisme, le cadre pour la conduire à l’action. Secrétaire administrative de la…
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Auteur: lundimatin