À Mayotte, 77 % de la population vit sous le seuil de pauvreté national et le niveau de vie médian est six fois plus faible qu’en métropole (260 euros par mois). Si la départementalisation en 2011 a porté l’espoir d’un développement économique et social pour la population mahoraise, fortement mobilisée pour le maintien de l’île dans le giron français, le département le plus pauvre de France a vu ses attentes déçues.
Depuis une dizaine d’années, Mayotte a connu une succession de crises graves concernant l’eau, l’accès aux soins, la sécurité, les migrations ou encore le logement. Ces crises ont mis en lumière des vulnérabilités qui ne sont pas sans lien avec l’impact matériel et humain provoqué par le cyclone Chido.
Ainsi, une importante partie de la population mahoraise n’a pas été en mesure de se protéger – ou n’a pas été protégée – alors que l’événement était parfaitement anticipé par Météo France qui a déclenché une alerte pré-cyclonique plusieurs jours avant l’impact.
Le logement précaire, au cœur de la catastrophe
La question des logements précaires et de leur gestion par l’État français est au cœur du sujet. À Mayotte, plus d’un quart de la population vit dans des habitations précaires, principalement construites en tôle (appelés localement bangas). Or ces habitats, très peuplés, ont été « entièrement détruits » selon les autorités. Si certaines constructions en dur ont subi de forts dommages, il ne fait aucun doute que les populations des bidonvilles sont les premières victimes de Chido.
Les étrangers sont surreprésentés dans les bidonvilles (65 % de la population des bangas) mais les personnes en situation irrégulière, notamment comoriennes, ne sont pas les seules à y vivre. Des personnes étrangères bénéficiant d’une…
Auteur: Clémentine Lehuger