Je suis revenue travailler à Mayotte en août dernier. Je n’ai pas vécu le cyclone Chido, rentrée en métropole pour les vacances. Dans ce « département », j’enseigne le français aux jeunes, nouveaux arrivants des Comores, de Madagascar, de la région des Grands Lacs (il importe surtout de leur proposer un lieu de vie différent, un espace de considération au sein d’un collège – 2000 élèves). Je n’évoquerai pas ici les pillages et autres situations quotidiennes peu réjouissantes ; la situation est fort complexe à cerner, des discours contradictoires, des récits de réfugiés politiques qui nous racontent autre chose sur leur situation administrative. Je me risquerais à desservir la cause de Mayotte, juste qu’il y aurait beaucoup à témoigner en connaissance de cause.
Retour sur l’île, vol au départ de Roissy le 8 janvier.
J1. 9 janvier 2025 au matin
Atterrissage à l’aéroport de Dzaoudzi. Chaleur collante. J’entends dans le taxi qui nous conduit à la barge qu’un nouveau cyclone est à l’approche. J’ai un simple téléphone à touches non connecté, je grappille les infos.
La barge qui relie Petite-Terre à Grande-Terre est à l’approche de Mamoudzou. Décor de bateaux échoués ou éventrés au bas des îlots. Une tortue ! L’approche de Grande-Terre est de plus en plus rude. Ambiance étrange. Il règne un quasi silence. Trois gamins dans le port sont juchés sur d’énormes blocs de polystyrène (peut-être les restes du ventre d’un bateau). Icebergs rescapés. Ils rient. La petite plage est jonchée de déchets inhabituels. Le plus marquant et troublant c’est ce silence pesant, et surtout la vision : je n’ai plus mes repères et découvre des bâtiments non visibles d’habitude. Je réalise alors à quel point les arbres habillaient le milieu de vie. Le regard est changé. Quelques prémices de repousses et feuilles vert tendre.
Retour au collège, pour dire « Bonjour »
Le…
Auteur: dev